05 Dec 2022 Story

Ce qu'il faut savoir sur le Protocole GIZC que la Tunisie vient de ratifier

La Tunisie a récemment ratifié le Protocole de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC), près de 14 ans après son adoption à Madrid, en Espagne. En vertu du décret n° 2022-917 du 29 novembre 2022, paru au Journal officiel de la République tunisienne, la Tunisie a donné son consentement formel à être liée par les dispositions de cet instrument juridique.

Pour les institutions, les organisations de la société civile et les individus œuvrant pour des zones côtières plus durables et résilientes en Tunisie, la ratification du Protocole GIZC constitue une avancée majeure.

Voici quatre faits que vous devriez connaître sur cet instrument juridique et son importance en Tunisie et autour de la Méditerranée.
 

1. Un instrument juridique faisant partie du système PNUE/PAM - Convention de Barcelone

Le Protocole de gestion intégrée des zones côtières (Protocole GIZC) est l'un des sept protocoles qui complètent la Convention pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Convention de Barcelone), qui a été introduite en 1976 et amendée en 1995 sous les auspices du Plan d'action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE/PAM).

Le Protocole GIZC complète le cadre réglementaire établi par le système PNUE/PAM -Convention de Barcelone en mettant l'accent sur le renforcement de l'intégrité des écosystèmes côtiers et de leur résilience. C'est le premier instrument de ce type à être introduit dans un contexte de mer régionale, ainsi faisant de la Méditerranée une région pionnière dans ce domaine.


2. La protection du littoral devient une obligation juridiquement contraignante

Initialement centrée sur le milieu marin, la Convention de Barcelone a été amendée en 1995 pour étendre sa couverture aux zones côtières. La Convention de Barcelone amendée englobe les principes clés adoptés lors de la conférence historique de Rio en 1992, y compris l'utilisation durable des ressources marines et côtières et le développement durable.

Depuis 1995, les Parties contractantes à la Convention de Barcelone et ses Protocoles, assistées par le PNUE/PAM et le CAR/PAP, son Centre d'activités régionales, ont mis en place des mesures qui ont créé une dynamique favorable mais qui n'ont pas rendu juridiquement contraignante la protection des côtes. Le Protocole GIZC, adopté en 2008, a comblé cette lacune. Le processus de sa préparation sous les auspices du PNUE/PAM, avec l'appui technique du CAR/PAP, a pris six ans.


3. Un instrument juridique pour parer à la vulnérabilité des zones côtières

Les zones côtières constituent un pilier de l'économie bleue, qui fournit des millions d'emplois et une part importante du produit intérieur brut (PIB) national dans de nombreux pays méditerranéens. La pression croissante des secteurs économiques, conjuguée aux impacts de la triple crise du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution, menace l'intégrité des écosystèmes côtiers et limite le potentiel de l'économie bleue.

Le changement climatique interagit avec les autres causes principales de la dégradation de l'environnement, notamment l'urbanisation et la pollution sous ses multiples formes, pour exacerber le stress qui pèse sur le littoral méditerranéen. Alors que les écosystèmes souffrent, les communautés doivent faire face à des risques de catastrophe accrus, tels que des phénomènes météorologiques extrêmes qui provoquent des inondations et l'érosion, et à la salinisation des deltas fluviaux et des aquifères qui sont nécessaires à l'agriculture, et revêtent une importance cruciale pour la sécurité alimentaire et, plus généralement, pour les moyens de subsistance des populations.

La gestion intégrée des zones côtières vise à concilier la santé des écosystèmes avec le développement social et économique dans le contexte du littoral.


4. La mise en œuvre du Protocole GIZC favorise la protection des zones côtières

En ratifiant le Protocole GIZC, les pays méditerranéens s'engagent à transformer ses dispositions juridiquement contraignantes en droit national, et à en assurer le respect et l'application. Cela a deux avantages importants. Premièrement, il encourage les gouvernements et les autorités nationales, y compris les parlements, à prendre des mesures actives pour protéger les côtes dans le cadre du développement durable. Deuxièmement, il fournit un cadre juridique de redevabilité au sein duquel les organisations de la société civile, les médias et les citoyens informés peuvent exiger des actions et des progrès pour des zones côtières plus saines et plus résilientes.

Le PNUE/PAM et le CAR/PAP soutiennent la mise en œuvre du Protocole GIZC de plusieurs manières, notamment en élaborant des boîtes à outils méthodologiques et en renforçant les capacités techniques. L'un des principaux outils promus est la planification de l'espace maritime (PEM). La PEM permet de prendre en compte de nombreux enjeux allant de l'urbanisation et du tourisme non durables à la surpêche et à la pollution sous ses multiples formes.

La plateforme GIZC, que le CAR/PAP met à la disposition d'un large éventail d'acteurs et de praticiens dans la région méditerranéenne, offre des outils importants pour la protection des zones côtières et l'adaptation au changement climatique basée sur les écosystèmes.
 

Pour en savoir plus :

Coastal resilience is the theme of the 2022 edition of Mediterranean Coast Day

The Young Person’s Guide to the Mediterranean Action Plan and the Barcelona Convention