02 Feb 2021 News

Travailler pour des zones humides côtières saines en Méditerranée

Le thème de l’édition 2021 de la Journée mondiale des zones humides (2 février) est « Les zones humides et l’eau ». C’est l’occasion de réfléchir au rôle crucial des zones humides méditerranéennes.

Les zones humides fournissent de nombreux services écosystémiques : purification de l’eau, atténuation des inondations et des sécheresses, reconstitution des eaux souterraines, rétention des sédiments et piégeage du carbone, pour n’en citer que quelques exemples. Au sein des écosystèmes méditerranéens, elles sont particulièrement importantes pour la biodiversité. Bien qu’elles n’occupent qu’environ 2 % de la superficie des terres, elles abritent plus de 30 % des espèces vertébrées du bassin. On estime qu’il y a deux fois plus d’espèces menacées dans les zones humides que dans tous les écosystèmes méditerranéens réunis.

Le rapport sur l’état de l’environnement et du développement en Méditerranée (RED) indique que le bassin abrite jusqu’à 26 millions d’hectares de zones humides et que, selon un large échantillon de 400 sites de zones humides, 48 % des habitats naturels des zones humides ont disparu entre 1970 et 2013. La dégradation est principalement due aux activités humaines telles que la construction de barrages ou le drainage. Une étude citée dans RED a révélé que, dans un échantillon de cinq bassins versants côtiers méditerranéens, les zones humides ont perdu 20 % de leur capacité d’atténuer les impacts des inondations, principalement en raison de la conversion des habitats naturels en zones agricoles et urbaines, et du développement intense des activités humaines dans les zones sujettes aux inondations.

Les changements climatiques aggravent la situation difficile des zones humides côtières. L’utilisation intensive de l’eau dans les bassins versants méditerranéens en réponse à la demande humaine croissante peut entraîner l’épuisement des eaux souterraines et l’intrusion d’eau de mer, ce qui peut accélérer la salinisation des sols et des eaux souterraines et rendre les zones humides d’eau douce saumâtres.

La région méditerranéenne abrite environ 400 lagunes côtières qui constituent d’importantes zones d’alimentation pour de nombreuses espèces marines et contribuent ainsi à la durabilité des stocks de poissons, notamment la daurade royale – Sparus aurata –, une précieuse source de protéines et un mets fin recherché dans de nombreux pays méditerranéens. Les lagunes côtières incarnent les interactions terre-mer qui sont reconnues dans la Convention de Barcelone  (telle qu’amendée en 1995) et traitées dans son Protocole relatif à la gestion intégrée des zones côtières (GIZC) et dans la Stratégie méditerranéenne pour le développement durable 2016–2025.

L’ouvrage intitulé « Les zones humides côtières méditerranéennes – manuel de gouvernance », dont la production a été mise en train et coordonnée par le CAR/PAP, dans le cadre d’une initiative conjointe menée avec l’UICN et la Fondation MAVA, fournit des lignes directrices pratiques sur la gouvernance des zones humides côtières autour de la Méditerranée, qu’elles soient officiellement protégées par la Convention de Ramsar, désignées par la législation nationale ou locale ou sans aucune protection officielle.

En 2019, le Centre d’activités régionales Plan Bleu du PNUE/PAM a publié un document qui met en relief, sur la base du Cadre régional pour l’adaptation au changement climatique pour les aires côtières et marines méditerranéennes, plusieurs recommandations politiques clés, notamment la nécessité d’une plus grande intégration des solutions fondées sur la nature (NBS) dans les politiques nationales pour tous les secteurs. Dans la pratique, il s’agit également d’intégrer les NBS dans les plans nationaux d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ces changements, tels que les contributions déterminées au niveau national et les plans d’adaptation nationaux ainsi que les plans de réduction des risques de catastrophe (RRC) prévus par le Cadre de Sendai.

Le document du Plan Bleu recommande également l’introduction de programmes de « villes vertes » visant à améliorer la résilience des villes aux chocs climatiques et aux éventuelles pénuries d’eau et de nourriture. Il fait valoir que les pratiques agricoles et aquacoles respectueuses de la biodiversité, telles que l’agroécologie, généreraient des avantages en termes de sécurité alimentaire, de protection des moyens de subsistance des populations rurales et côtières et de possibilités d’emploi.

L’observation et la production de données dont la qualité est garantie resteront cruciales pour l’introduction de politiques et de mesures fondées sur des données probantes. Les éléments clés du Programme de surveillance et d’évaluation intégrées (IMAP) – un instrument novateur introduit par le PNUE/PAM – comprennent des indicateurs communs relatifs aux écosystèmes côtiers, aux paysages et à l’hydrographie dans la région méditerranéenne.

Une nouvelle impulsion en faveur du respect des obligations découlant de la Convention de Barcelone et de ses Protocoles donnerait un coup de fouet aux efforts visant à protéger les zones humides côtières et l’ensemble du bassin.

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