17 Aug 2020 Opinion

Une lueur d’espoir

© Stefan Gessert

Cet éditorial de M. Gaetano Leone, coordonnateur du Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’environnement, secrétariat de la Convention de Barcelone, est paru pour la première fois en espagnol dans El País

La pandémie de COVID-19 a fait des ravages dans la région méditerranéenne. Elle a causé des morts et des souffrances, ainsi que de graves dommages économiques. Les ondes de choc macroéconomiques seront probablement suivies d’un tsunami de problèmes sociaux liés à une hausse du chômage et à une perte de revenus généralisée. La plupart des pays ne seront pas en mesure de s’en sortir seuls. La coopération et la solidarité régionales, notamment dans le contexte euroméditerranéen, seront cruciales.

L’Union pour la Méditerranée est l’incarnation de l’esprit de solidarité euroméditerranéen. Alors que nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire du processus de Barcelone, nous nous engageons à travailler avec nos partenaires de l’UpM afin de garantir que nous reconstruisions en mieux dans notre région pour un meilleur avenir pour tous. Les défis à relever sont considérables et le temps est compté.

Dans les semaines et les mois à venir, des plans de relance et des politiques de relèvement seront appliqués pour atténuer l’impact économique de la pandémie. Les choix opérés aujourd’hui façonneront notre avenir. Alors que les décideurs se trouvent à un moment historique, le Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE/PAM) est déterminé à joindre ses forces à celles de l’UpM pour plaider en faveur d’une impulsion régionale décisive qui aille dans le sens de la durabilité.

Le PNUE/PAM a été créé il y a plus de 40 ans pour soutenir l’action régionale visant à sauver la Méditerranée de la dégradation de l’environnement, à valoriser les ressources marines et côtières et à assurer leur utilisation durable afin de contribuer au développement durable de la région méditerranéenne. Aujourd’hui, l’UpM est l’un de nos principaux partenaires dans le cadre des efforts que nous déployons pour concrétiser la vision d’écosystèmes sains et productifs qui sous‑tendent le développement durable. Notre coopération est fermement ancrée dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la réalisation de l’objectif de développement durable 17.

La collaboration avec l’UpM s’étend à des thèmes spécifiques relatifs à la mise en œuvre de l’approche écosystémique adoptée en 2008 par les Parties contractantes à la Convention de Barcelone, qui englobe la lutte contre la pollution, la protection de la diversité biologique, la gestion intégrée des zones côtières, la stimulation d’une économie bleue durable et la lutte contre les changements climatiques.

Selon le MedECC, une interface science-politique que le PNUE/PAM et l’UpM soutiennent conjointement, la Méditerranée se réchauffe 20 % plus vite que la moyenne mondiale. Le premier rapport d’évaluation sur la Méditerranée (MAR 1), qui sera publié par le MedECC en 2021, rassemblera les meilleures connaissances disponibles sur le changement climatique et environnemental dans la région, y compris les impacts et les risques futurs. Les conclusions du MAR 1 viendront compléter celles du Rapport sur l’état de l’environnement et du développement en Méditerranée (RED) qui sera publié par notre Centre d’activités régionales Plan Bleu d’ici la fin de l’année.

Bien que différents par leur nature et leur échelle, les changements climatiques et l’épidémie de COVID-19 ont une cause fondamentale commune : les activités humaines dans leur relation avec l’environnement. La pandémie, qui est un symptôme remarquablement aigu de l’empiètement incessant de l’homme sur la vie sauvage, nous a donné un aperçu effrayant des perturbations massives qu’entraînerait un scénario d’emballement climatique.

La crise de la COVID-19 ne laisse espérer rien de bon. Même les rapports optimistes sur la clarté des cours d’eau et l’amélioration de la qualité de l’air ont été anéantis par la révélation, qui donne à réfléchir, que les concentrations mondiales de dioxyde de carbone ont atteint des niveaux records malgré les confinements. La solution à nos problèmes ne se trouve pas dans des économies paralysées. Elle passe par le découplage entre le développement socioéconomique et la dégradation de l’environnement sous toutes ses formes. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires de l’UpM pour que la pandémie de COVID-19 ne mette pas en péril les engagements pris par les Parties contractantes dans le cadre du système du PNUE/PAM–Convention de Barcelone. Le relèvement ne doit pas s’opérer au détriment de l’environnement.

Les arguments en faveur du respect intégral de la Convention de Barcelone et de ses Protocoles n’ont jamais été aussi forts. Le droit de l’environnement est essentiel pour préserver la santé des écosystèmes, qui est intrinsèquement liée à la santé et au bien-être de l’homme.

En s’appuyant sur les complémentarités de leurs mandats respectifs, le PNUE/PAM et l’UpM peuvent stimuler une action régionale concertée pour garantir que le relèvement en Méditerranée soit compatible avec le développement durable.

Une lueur d’espoir perce à travers le pessimisme sinistre lié à la crise de la COVID‑19. Si nous parvenons à aider les pays méditerranéens à trouver leur chemin jusqu’au port de la croissance verte, le vingt-cinquième anniversaire du processus de Barcelone pourrait coïncider avec le début d’une renaissance verte dans le bassin méditerranéen.