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24 Nov 2022 Récit Chemicals & pollution action

Le coût environnemental de la mode éphémère

Nouvelle saison, nouveaux styles, acheter plus pour moins, changer de vêtements, jeter les anciens : la pollution, les déchets et les émissions associées à la mode éphémère alimentent la triple crise planétaire.

Les soldes annuelles du Black Friday, le 25 novembre cette année, rappellent le besoin d’engager une réflexion profonde concernant ce que nous achetons, ce que nous jetons et les répercussions sur la planète.

La mode durable et une chaîne de valeur des textiles axée sur la circularité sont possibles, pourtant, au cours de ce siècle, les consommateurs du monde entier achètent davantage de vêtements et les conservent moins longtemps que jamais, se débarrassant de leurs habits au rythme effréné de l’évolution des tendances.

Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) est à l’origine d’une initiative en faveur d’une planète sans déchets. Promouvant cette vision ambitieuse, le PNUE a collaboré avec la poète et conteuse Beatrice Kariuki pour mettre en lumière des secteurs ayant une forte incidence dans lesquels les consommateurs peuvent réellement changer la donne.

« Nous avons besoin d’industries circulaires qui transforment le vieux en neuf », affirme Mme Kariuki dans cette vidéo. « Mois d’emballages, plus d’usages. Des textiles solides. »

La Fondation Ellen MacArthur, partenaire du PNUE, estime que l’équivalent d’un camion rempli de textiles abandonnés est déversé dans une décharge ou incinéré chaque seconde. Pendant ce temps, selon des estimations, les individus achètent 60 % plus de vêtements et les portent deux fois moins longtemps.

Les fibres de plastique polluent les océans et les eaux usées, par l’entremise de teintures toxiques, et l’exploitation de travailleurs sous-rémunérés est un fait. La mode éphémère est une vaste entreprise, et alors que le coût pour l’environnement s’alourdit, des spécialistes affirment qu’une autre voie est possible : une économie circulaire des textiles.

Au cours de ce mois, dans le cadre de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27) qui s’est tenue en Égypte, le PNUE et l’organisation à but non lucratif Global Fashion Agenda (GFA) ont organisé un événement sur le thème des systèmes circulaires favorisant l’établissement d’une industrie de la mode ayant une incidence nette positive (« Circular Systems for a Net Positive Fashion Industry »), qui a conduit des leaders du secteur à discuter de plans menant à une économie circulaire de la mode, qui supposerait une réduction des déchets et de la pollution et un accroissement de la réutilisation et du recyclage.

Le PNUE et GFA mènent actuellement une consultation dans le secteur de la mode afin de déterminer une voie à suivre pour atteindre une incidence nette positive, c’est-à-dire pour que l’industrie de la mode donne plus à la planète que ce qu’elle lui prend. En outre, le PNUE élabore une feuille de route pour la durabilité et la circularité dans la chaîne de valeur des textiles et cherche à faire évoluer le discours au sein du secteur, en s’intéressant au rôle de la consommation en vue de favoriser une communication axée sur la mode durable.

Le modèle économique de l’industrie de la mode éphémère repose sur un renouvellement rapide des produits, des volumes élevés et des prix bas, et est dénoncé par des consommateurs qui exigent un changement. Ces derniers veulent des habits durables provenant d’une industrie responsable, un objectif porté par l’Alliance des Nations Unies pour une mode durable.

Un exemple connu illustrant la façon dont le secteur de l’habillement peut adopter les principes d’une économie circulaire concerne la marque états-unienne de vêtements de plein air Patagonia, lauréate du prix des Champions de la Terre des Nations Unies en 2019.

Patagonia est allée encore plus loin, en annonçant plus tôt cette année qu’elle deviendrait un fonds caritatif dont l’intégralité des bénéfices provenant de ventes annuelles s’élevant à 1,5 milliard de dollars des États-Unis sera consacrée à la lutte contre les changements climatiques, faisant de la planète son unique actionnaire. Beaucoup d’autres acteurs du secteur font de la même manière des changements importants.

Cette semaine, le PNUE a organisé un séminaire en ligne opportun intitulé « Shifting the Fashion Narrative: Rethinking aspiration in a world of overconsumption » (en français, transformer le discours du secteur de la mode : repenser l’aspiration dans un monde de surconsommation), qu’il est possible de visionner en cliquant ici.

 

Afin de combattre les conséquences omniprésentes de la pollution sur la société, le PNUE a lancé #BeatPollution, une stratégie promouvant une action rapide, à grande échelle et coordonnée contre la pollution de l’air, des sols et des eaux. Cette stratégie met en évidence les conséquences de la pollution sur les changements climatiques, la perte de nature et de biodiversité, et la santé humaine. Par l’entremise d’une communication fondée sur des données scientifiques, cette campagne montre en quoi la transition vers une planète non polluée est vitale pour les générations futures.