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09 Dec 2023 Communiqué de presse Nature Action

Des flux financiers mondiaux annuels de 7 000 milliards de dollars alimentent les crises du climat, de la biodiversité et de la dégradation…

Dubai, 9 décembre 2022 - Près de 7 000 milliards de dollars sont investis chaque année à travers le monde dans des activités qui ont des effets nocifs direct sur la nature, tant par le biais du secteur public que du secteur privé, ce qui équivaut à environ 7 % du produit intérieur brut (PIB) Mondial, selon le dernier rapport sur la Situation des financements pour la nature, publié aujourd'hui lors de la COP28 par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et ses partenaires.

Le rapport constate qu'en 2022, les investissements dans les solutions fondées sur la nature s'élevaient à environ 200 milliards de dollars, mais que les flux financiers vers les activités qui nuisent directement à la nature étaient plus de 30 fois plus importants. Le rapport met en évidence une disparité inquiétante entre les volumes de financement des solutions fondées sur la nature et les flux financiers nuisibles à la nature, et souligne l'urgence de s'attaquer aux crises interconnectées du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la dégradation des sols.

« Les solutions fondées sur la nature sont dramatiquement sous-financées. Les investissements annuels qui nuisent à la nature sont plus de 30 fois supérieurs au financement des solutions fondées sur la nature qui favorisent la stabilité du climat et la santé des terres et de la nature. Pour avoir une chance d'atteindre les objectifs de développement durable, ces chiffres doivent être réaffectés, et les véritables gardiens des terres, tels que les Peuples Autochtones, doivent en être les principaux bénéficiaires », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.

Les conclusions sont basées sur une analyse des flux financiers mondiaux, révélant que les flux financiers privés négatifs pour la nature s'élèvent à 5 000 milliards de dollars des États-Unis (tous les montants en dollars sont en dollars des États-Unis) par an, soit 140 fois plus que les 35 milliards de dollars d'investissements privés dans les solutions fondées sur la nature. Les cinq secteurs qui canalisent la plupart des flux financiers négatifs, la construction, les services publics d'électricité, l'immobilier, le pétrole et le gaz, ainsi que l'alimentation et le tabac, représentent 16 % de l'ensemble des flux d'investissement dans l'économie, mais 43 % des flux nocifs à la nature, associés à la destruction des forêts, des zones humides et d'autres habitats naturels.

« Le rapport de cette année nous rappelle brutalement que le maintien du statu quo constitue une grave menace pour notre planète, ce qui renforce l'urgence d'une transition vers des pratiques commerciales durables et d'un arrêt du financement de la destruction de la nature. Les mailles du filet se resserrent, avec une pression réglementaire accrue dans des domaines clés tels que la lutte contre la déforestation, ce qui signifie que les entreprises et les institutions financières qui sont encore à l'origine du problème doivent maintenant utiliser au mieux les excellentes données, orientations et cadres déjà disponibles pour s'engager de toute urgence dans un avenir favorable à la nature. », a affirmé Niki Mardas, directeur général de Global Canopy.

Les dépenses publiques consacrées aux subventions nuisibles à l'environnement dans quatre secteurs, l'agriculture, les combustibles fossiles, la pêche et la sylviculture, sont estimées à 1 700 millions de dollars en 2022. Alors que les dirigeants se réunissent à Dubaï cette semaine, la réforme et la réaffectation des subventions nuisibles à l'environnement, en particulier pour les combustibles fossiles et l'agriculture, seront essentielles. À elles seules, les subventions aux combustibles fossiles accordées aux consommateurs ont doublé, passant de 563 milliards de dollars en 2021 à 1 163 milliards de dollars en 2022. 

Le déficit financier persiste

Le rapport identifie un déficit de financement important pour les solutions fondées sur la nature : seulement 200 milliards de dollars ont été alloués en 2022, sous l'impulsion des gouvernements, qui ont contribué à hauteur de 82 % (165 milliards de dollars), tandis que le financement privé demeure modeste et compte 35 milliards de dollars (18 % du total des flux de financement des solutions fondées sur la nature). Pour atteindre les objectifs de la Convention de Rio visant à limiter le changement climatique à 1,5 °C, ainsi que l'objectif du Cadre mondial pour la biodiversité consistant à mettre en réserve 30 % des terres et des mers d'ici à 2030 et à parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres, les flux financiers en faveur des solutions fondées sur la nature doivent presque tripler par rapport aux niveaux actuels (200 milliards de dollars) pour atteindre 542 milliards de dollars par an d'ici à 2030 et quadrupler pour atteindre 737 milliards de dollars d'ici à 2050. 

Le financement public et l'investissement privé doivent augmenter de façon spectaculaire, parallèlement au réalignement des flux financiers ayant des effets nocifs sur la nature. Alors que le financement public continuera à jouer un rôle essentiel, le financement privé peut potentiellement augmenter sa part de financement basé sur la nature de 18 % actuellement à 33 % d'ici 2050. 

« La dégradation généralisée de la nature ne fait pas qu'exacerber la crise climatique, elle nous pousse également à puiser au-delà des limites planétaires. L'investissement dans des solutions fondées sur la nature constitue un moyen stratégique et rentable de relever les défis interdépendants du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la dégradation des sols, tout en réalisant des progrès tangibles vers la réalisation des objectifs de développement durable », a déclaré Jochen Flasbarth, secrétaire d'État au ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, qui a financé le rapport.

 

Les solutions fondées sur la nature offrent des opportunités d'investissement cruciales, car elles sont rentables et offrent des avantages multiples. Les possibilités d'investissement dans la gestion durable des terres peuvent être multipliées par quatre d'ici à 2050 si l'on se base sur la rentabilité à long terme de la production durable de denrées alimentaires et de produits de base, ce qui est essentiel pour catalyser les investissements privés. La protection d’un vaste éventail d’écosystèmes est très rentable, représentant 80 % des terres supplémentaires nécessaires pour les solutions fondées sur la nature tout en absorbant seulement 20 % du financement supplémentaire des solutions fondées sur la nature d'ici à 2030. Compte tenu de l'ampleur de la dégradation à l'échelle mondiale, la restauration offre des possibilités considérables de renforcer la fonction et la résilience des écosystèmes afin de fournir les services écosystémiques dont les populations dépendent tant.

Il est urgent d'agir sur deux fronts : réorienter les financements nocifs à la nature et augmenter les investissement en faveur de la nature.

Le rapport suggère qu'il ne suffira pas de doubler ou de tripler les investissements dans les solutions fondées sur la nature pour atteindre les trois objectifs de Rio, à moins que les flux financiers de près de 7 000 milliards de dollars consacrés à des pratiques néfastes pour la nature ne soient considérablement réduits et idéalement réaffectés en faveur de la nature. 

Un revirement majeur en faveur de la nature est nécessaire. Le secteur financier et les entreprises doivent non seulement augmenter les investissements dans les solutions fondées sur la nature, mais aussi mettre en place des mesures incitatives pour détourner les financements des activités nuisibles et favoriser les résultats positifs pour la nature. Les politiques gouvernementales jouent un rôle crucial dans la création d'un environnement propice à l'émergence d'opportunités d'investissement. Notamment, les perspectives d'investissement dans les solutions fondées sur la nature sont florissantes, stimulées par la refonte de secteurs mondiaux tels que l'alimentation, les industries extractives, l'immobilier et les infrastructures, qui sont les principaux responsables du déclin de la nature. Ces opportunités rivalisent avec celles qui découlent de la crise climatique, ce qui représente un moment charnière pour un changement significatif.

NOTES AUX RÉDACTEURS

À propos du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE)

Le PNUE est la principale autorité mondiale en matière d'environnement. L’organisation joue un rôle de chef de file et encourage les partenariats en faveur la protection de l'environnement en étant source d’inspiration, en informant et en permettant aux nations et aux peuples d'améliorer leur qualité de vie sans compromettre celle des générations futures.

À propos de Global Canopy

Global Canopy est une organisation environnementale axée sur les données qui s'attaque aux forces du marché qui détruisent la nature. Nous fournissons des données innovantes en libre accès, des mesures claires et des informations exploitables aux principales entreprises, institutions financières, gouvernements et organisations militantes du monde entier afin de les aider à prendre de meilleures décisions concernant la nature, les forêts et les populations. globalcanopy.org

À propos de l'économie de la dégradation des terres (ELD) 

L'ELD est une initiative mondiale visant à intégrer la valeur réelle des terres dans les processus décisionnels et à promouvoir l'utilisation durable des terres. L'initiative a été lancée en 2011 par le ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) et la Commission européenne.

Pour plus d'informations, veuillez contacter
 

Service de presse du PNUE, Programme des Nations unies pour l'environnement

Aurelia Blin, Unité de financement du climat, Division des écosystèmes, Programme des Nations unies pour l'environnement

Amy Fairbairn, directrice de la communication stratégique, Global Canopy