30 May 2018 Récit Cities

Ce village maya est à la pointe de la lutte contre la pollution par les plastiques

Sur les rives du majestueux lac Atitlán, dans les hautes terres du sud-ouest du Guatemala, le petit village de San Pedro La Laguna est tranquillement devenu un leader national de l'un des défis environnementaux les plus pressants au monde : la pollution par les plastiques.

« Lorsque j'ai pris mes fonctions, la décharge municipale était saturée de plastiques et la plupart des déchets finissaient dans le lac », explique Mauricio Méndez, le maire du village, qui compte environ 14 000 habitants, dont 90% sont des autochtones Mayas. « Il fallait agir rapidement. »

Suite à des consultations avec la communauté et les chefs religieux, M. Méndez a obtenu l'aval de la municipalité pour mettre en oeuvre une interdiction de la vente et de la distribution de sacs en plastique jetables, de pailles et de récipients en polystyrène expansé. San Pedro La Laguna est ainsi devenu devenue la première communauté au Guatemala à se débarrasser des plastiques à usage unique.

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Le maire Mauricio Méndez (en bleu) parle aux jeunes dans un centre de recyclage. (ONU Environnement)

Cette décision a suscité beaucoup de controverses. Le maire dit avoir reçu d'innombrables critiques de la part de différents secteurs de la société, ainsi qu'une déclaration d'inconstitutionnalité de la part de la Chambre d'industrie du Guatemala.

Mais pour M. Méndez, le combat en vaut la chandelle : « 80% des habitants de notre ville ont cessé d'utiliser des plastiques à usage unique. C'est un vrai succès. »

Berta Ángela Navichoc, mère de famille de San Pedro La Laguna, ne pensait pas que ses voisins s'habitueraient à la mesure si rapidement. Aujourd'hui, elle va au marché avec son panier en feuilles de palmier et la viande qu'elle achète est emballée dans une feuille de bananier, comme sa grand-mère le faisait. « Nous, les mères de famille, devons donner l'exemple à nos enfants », dit-elle.

Les commerçants qui vendent de la nourriture dans des contenants en polystyrène ou qui distribuent leurs marchandises dans des sacs en plastique se voient imposer des amendes de 15 000 quetzales, soit environ 2 000 dollars américains.

José Israel Pop Tuch, un producteur de fruits local, est fier de ne pas avoir été sanctionné jusqu'à présent. Il affirme qu'il encourage les touristes à ne pas jeter de plastique et à ramasser les détritus qu'ils voient par terre « pour l'amour de notre mère nature ».

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Un prospectus déclare « Je n'utilise pas de sacs en plastique, de pailles ou de polystyrène ». (ONU Environnement)

Le maire, M. Méndez, affirme que la ville est déterminée à protéger le lac et à lutter contre la pollution par les plastiques : « Nous avons les capacités de recycler, nous le faisons depuis plusieurs années. Chaque citoyen a chez lui différents conteneurs pour les déchets organiques, le papier, le verre et le plastique. »

La pollution par les plastiques est l'un des défis environnementaux les plus critiques de notre temps. Près de la moitié de tous les plastiques que nous produisons sont destinés à être jetés après une seule utilisation, et chaque année, environ 13 millions de tonnes de plastique finissent dans les rivières, les lacs et les océans du monde.

La déchets plastique se dégradent en microparticules capables de pénétrer dans la chaîne alimentaire, ce qui représente un risque sérieux pour la santé des habitants du bassin d'Atitlán.

Le combat du maire pour préserver le lac Atitlán, cependant, ne se résume pas au plastique. Il travaille sur une nouvelle réglementation municipale interdisant l'extraction du sable de la rivière et tente de convaincre les autres villages autour du lac de trouver un accord sur la question.

« Le lac est notre vie. Nous avons la responsabilité de laisser cet héritage à nos enfants », dit-il. « Je veux que ma communauté continue à vivre près du lac, à s'y baigner et à que touristes puissent en profiter de manière durable et efficace. »

La Journée mondiale de l'environnement a lieu le 5 juin. Le thème de cette année est #CombattreLaPollutionPlastique.

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