16 Dec 2019 Récit Cities

Chaque paille compte dans la lutte contre le changement climatique

Le mot "Mottainai" en japonais se traduit littéralement par "c'est une honte de gaspiller". Elle découle de la philosophie bouddhiste ayant trait à un mode de vie minimaliste et l'appréciation des dons de la nature. Cette pratique est en place depuis des générations.

Le Japon est souvent présenté comme ayant l'un des systèmes de recyclage les plus sophistiqués au monde, grâce à la séparation détaillée de presque tous les déchets, des radios aux litière pour chats. Mais comme le montre la campagne Anatomy of Action (en anglais) du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), vivre de manière durable signifie non seulement recycler mais aussi faire des choix de consommation écologiques au quotidien. Si l'on considère que le Japon produit environ 32 kg de déchets plastiques par habitant chaque année, ce qui le place au deuxième rang après les États-Unis, le choix des produits en plastique nuit au bilan environnemental du pays (rapport en anglais).

"Nous semblons nous être un peu égarés", déplore Mona Neuhass, fondatrice de No Plastic Japan, qui s'est inquiété de la prolifération des plastiques à usage unique lorsqu'elle est revenue s'installer à Tokyo.

"Je prenais un café dans un établissement de la ville et le serveur m'a servi de l'eau dans une tasse en plastique comme accompagnement de mon café", a-t-elle dit. "Je me suis dit que c'était ridicule ! Pour quelques millilitres d'eau, une nouvelle tasse à chaque fois est utilisée pour chaque client."

Mona Neuhass a écrit au café dans le but de les faire changer de politique, mais elle ne s'est pas arrêté là. Inspirée par d'autres mouvements de jeunesse écologistes japonais, comme l'opération visant à rendre Cat street, un endroit commercial de Tokyo, sans déchets, elle a décidé de lancer No Plastic Japan, une entreprise qui propose des alternatives aux pailles en plastique à usage unique.

"Il existe des moyens d'éviter les plastiques à usage unique dans la vie de tous les jours", affirme la fondatrice, âgée de 27 ans." Il s'agit de faire un effort conscient pour acheter ses légumes en vrac dans le supermarché ou refuser les couverts en plastique qui accompagnent vos plats à emporter."

Grâce à des messages magnifiquement rédigés sur Instagram, No Plastic Japan's a non seulement réussi à créer une entreprise distribuant des pailles en acier inoxydable prospère, mais a également donné naissance à une communauté en ligne qui partage des idées et des pratiques exemplaires sur le mode de vie durable.

"Je pense qu'un mouvement existe maintenant dans lequel les jeunes comprennent qu'il y a un problème", dit-elle.

Ce n'est qu'un exemple dans un pays. On peut en trouver de nombreux autres encourageants aux quatre coins du monde.

La campagne du PNUE "Anatomy of Action" encourage trois actions simples lors de l'achat de tout objet. Premièrement : pensez à ce dont vous avez besoin et achetez des produits qui dureront plus longtemps, qui seront utilisés plusieurs fois et qui pourront être recyclés ; deuxièmement : évitez la mode rapide qui produit en masse au détriment de la justice environnementale et humaine ; et troisièmement :  refusez les produits de tous les jours qui ne peuvent pas être réutilisés.

" Les actions suscitent des réactions sur le marché : si nous voulons participer à la conception d'un avenir qui fonctionne mieux qu'aujourd'hui, nous devons redessiner nos vies pour inventer le genre d'avenir dans lequel nous voulons vivre ", affirme Leyla Acaroglu, Championne de la Terre du PNUE (en anglais) et cerveau derrière la campagne Anatomie de l'action.

Lorsqu'on pense à la pollution par le plastique, on imagine des bouteilles flottant dans les rivières et des animaux marins prisonniers d'un anneau en plastique servant à emballer les packs de bière. Peu d'entre nous feront le lien entre les déchets plastiques à usage unique et le changement climatique, mais un rapport du Centre pour le droit international de l'environnement (en anglais) indique que la production et l'élimination des plastiques à usage unique ont causé en 2019 l'équivalent des émissions de 189 centrales au charbon, et que ce nombre pourrait passer à 295 en 2030. "Au rythme actuel, ces émissions de gaz à effet de serre provenant du cycle de vie du plastique menacent la capacité de la communauté mondiale à atteindre les objectifs en matière d'émissions de carbone", indique le rapport.

Les pailles peuvent sembler être une petite partie de l'équation, mais si chaque personne en Asie utilisait une paille en plastique un jour donné, cela signifierait que 4,5 milliards de pailles finiraient dans le système de traitement des déchets. Les entreprises qui développent des alternatives durables aux plastiques à usage unique ou qui sensibilisent les citoyens sur la façon d'éviter les plastiques à usage unique peuvent contribuer à la lutte contre le changement climatique.

"Les plastiques à usage unique sont problématiques pour l'environnement et le climat, et cela est dû en partie à de mauvais systèmes de gestion des déchets, mais aussi les comportements individuels irresponsables jouent également un rôle énorme", a déclaré Claudia Giacovelli, du Centre international de technologie environnementale (site internet en anglais) du Programme des Nations Unies pour l'environnement à Osaka, au Japon. "La promotion d'alternatives écologiques, l'amélioration de la gestion des déchets et la sensibilisation de la société ne sont que quelques-unes des actions que nous proposons pour gérer durablement les déchets plastiques à usage unique".

L'adoption d'un mode de vie sans déchets (ou presque) est de plus en plus populaire parmi les jeunes qui militent pour le changement.

"J'espère que le fait d'être respectueux de l'environnement n'est pas un simple effet de mode, mais qu'à l'avenir, les consommateurs feront vraiment des choix de produits en tenant compte de la planète ", affirme Mona Neuhass.