Les herbiers marins constituent l’un des plus vastes écosystèmes marins de la planète, occupant environ 300 000 km2 des fonds marins et répartis dans 159 pays.
Les prairies marines monochromes ne sont pas aussi colorées que les récifs de corail ou aussi mystérieuses que les mangroves. Toutefois, elles fournissent un refuge pour les poissons, protègent les côtes contre les tempêtes et constituent des réservoirs de carbone essentiels, ce qui en fait l’un des espaces naturels les plus précieux au monde.
Malgré leur importance, ces écosystèmes sont menacés. L’équivalent d’un terrain de football disparaît toutes les 30 minutes, et selon les estimations, 7 % des herbiers marins mondiaux disparaissent chaque année. L’acidification des océans, l’aménagement du littoral et l’augmentation de la température des océans provoquée par les changements climatiques sont les principales causes de la disparition des herbiers marins.
Afin de sensibiliser aux menaces qui pèsent sur ces écosystèmes, l’Organisation des Nations Unies a proclamé le 1er mars Journée mondiale des herbiers marins.
« L’écosystème des herbiers marins est un parfait exemple de la nature à l’œuvre, où les habitats et la délicate toile de la vie s’entremêlent en parfaite harmonie », souligne Leticia Carvalho, Responsable du Service des eaux marines et douces au Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). « À l’occasion de cette Journée mondiale des herbiers marins, mettons en lumière la magie des prairies marines et les espèces, êtres humains et autres, qui en dépendent », ajoute-t-elle.
Mme Carvalho a souligné que le monde devait donner la priorité à des actions opportunes, ambitieuses et coordonnées permettant de conserver, restaurer et gérer durablement les herbiers marins. Dans le même temps, les pays doivent veiller à ce que les communautés locales, qui vivent en harmonie avec la nature depuis plusieurs milliers d’années, en bénéficient. Selon Mme Carvalho, l’intensification de ces efforts fait partie intégrante de la réalisation de l’Accord de Paris et d’une grande partie des objectifs de développement durable des Nations Unies.
Cette démarche est également considérée comme essentielle pour aider les pays à atteindre les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, un pacte historique signé l’année dernière dans le but de protéger la nature. Cet accord a été signé en plein cœur d’une crise de la biodiversité dans laquelle un million d’espèces, sur les huit millions d’espèces de la planète, sont menacées d’extinction.
Voici cinq façons surprenantes dont les herbiers marins peuvent protéger les espèces sauvages, profiter aux êtres humains et contribuer à poser les bases d’un avenir plus durable.
- Les herbiers marins sont un refuge pour les espèces marines
Les prairies marines sont des nurseries pour 20 % des plus grandes pêcheries du monde, selon un rapport publié en 2020 par le PNUE et plusieurs partenaires intitulé Herbiers marins : un poumon vert inestimable pour la planète et l’humanité. La survie de nombreuses espèces, telles que les tortues, les hippocampes, les lamantins et les dugongs, dépend de ces prairies.
Grâce à leur canopée sous-marine feuillue, les herbiers marins fournissent également un abri à d’innombrables petits invertébrés, tels que les crabes ou les crevettes, ainsi qu’à de nombreuses espèces d’algues et de bactéries.
- Les herbiers marins filtrent l’eau au profit des coraux : haut lieu de la biodiversité
Souvent appelées « filtre à eau de la nature », les prairies marines sont décrites comme des super-écosystèmes dans le rapport Herbiers marins. Elles contribuent à nettoyer l’eau en piégeant des sédiments riches en carbone et en absorbant des nutriments et agents pathogènes. Les systèmes marqués par une forte présence d’herbiers marins oxygènent l’eau grâce à la photosynthèse, améliorant la qualité de l’eau et stimulant la croissance des coraux.
Les prairies marines créent des hauts lieux de la biodiversité en fournissant un habitat et des nutriments à d’innombrables espèces.
En raison de sa sensibilité à un ensemble de pressions et de contaminants, les herbiers marins sont un indicateur précoce de la santé écologique des zones côtières. Lorsque les herbiers marins souffrent, la biodiversité également.
- Les herbiers marins soutiennent les pêcheries et les moyens de subsistance dans le monde entier
Les herbiers marins sont l’équivalent des plantes terrestres : ils possèdent des feuilles, des fleurs, des graines, des racines et des tissus conjonctifs. Par conséquent, ils constituent une importante source de nourriture pour les poissons, les poulpes, les crevettes, les huîtres, les palourdes et les calmars, favorisant les pêcheries qui font vivre des centaines de millions de personnes à travers le monde, selon le rapport Herbiers marins.
En Tanzanie, par exemple, le déclin des herbiers marins a eu une incidence négative sur les moyens de subsistance de femmes qui pêchent des invertébrés, tels que des palourdes, des escargots de mer et des oursins.
- Les herbiers marins sont également importants pour les espèces non marines
Durant leur migration automnale, certaines oies et certains canards paissent dans les herbiers marins émergeant des sédiments côtiers. D’autres oiseaux se nourrissent des invertébrés présents dans les eaux souvent peu profondes qui entourent les plantes.
En décembre 2022, des responsables du monde entier ont convenu du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, un pacte visant à protéger la biodiversité sur Terre et éviter une crise d’extinction imminente. Selon Mme Carvalho, lorsque les pays définissent leurs cibles nationales dans le cadre de cet accord, ils doivent inclure la protection des prairies marines.
« Les prairies marines abritent une diversité de vie impressionnante et leur sauvegarde est vitale si nous souhaitons atteindre nos objectifs mondiaux en matière de biodiversité, et nous devons le faire », a-t-elle indiqué.
- Les herbiers marins sont un antidote aux changements climatiques
Souvent présentées comme une sorte de forêt bleue, les prairies marines, tout comme leurs équivalents terrestres, aident à lutter contre les changements climatiques. Bien que ces prairies ne couvrent que 0,1 % du plancher océanique, ils sont des puits de carbone extrêmement efficaces, pouvant stocker jusqu’à 18 % du carbone océanique à l’échelle mondiale, selon le rapport Herbiers marins.
Les herbiers marins constituent également la première ligne de défense le long des côtes en réduisant la force des vagues, protégeant ainsi des populations contre le risque croissant d’inondations et de tempêtes.
La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021–2030), dirigée par le PNUE, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et plusieurs partenaires concerne les écosystèmes terrestres, côtiers et marins. La Décennie lance un appel à l’action au niveau mondial et réunira l’appui politique, la recherche scientifique et la puissance financière nécessaires pour intensifier massivement la restauration des écosystèmes
