16 Sep 2019 Récit Nature Action

Donner vie aux forêts virtuelles

Des forêts anciennes, vertes et luxuriantes n’est pas ce qui vient à l’esprit de  la plupart des gens lorsqu’on pense à la Russie. Pourtant, malgré sa vie urbaine au rythme soutenu, Marianna Muntianu connaissait trop bien la réalité.

C’est lors de ses visites à sa grand-mère qu'elle a découvert les hautes forêts alpines couleur émeraudes aux épais dais, abritant de nombreux champignons et baies qu'elles cueillaient ensemble.
 

 « Je me suis rendue compte à quel point la nature était belle et diverse. Puis, au cours d’une année très chaude, de terribles incendies ont frappé toute la Russie. La fumée s’abattait sur les villes et les gens se déplaçaient avec des masques. Cette vision était tellement angoissante, j’étais dévastée par la perte de ce magnifique patrimoine naturel. »

Les feux de forêt ne se sont pas arrêtés. Selon les images satellitaires et les services forestiers locaux fournis par la NASA, les incendies de forêt en Sibérie qui ont débuté en juillet cette année ont dévasté depuis 2,6 millions d’hectares.

Lorsqu'elle a réalisé que ces espaces n’étaient pas reboisés, Marianna Muntianu a rejoint une organisation environnementale basée dans la région de Kostroma, à cheval sur les rives de la Volga, le fleuve le plus long d'Europe.

Muntianu was devastated about forest loss in Russia and decided to take action
Muntianu a été dévasté par la perte de forêts en Russie et a décidé de prendre des mesures. Photo : Programme des Nations Unies pour l'environnement

« Je me suis découvert un amour pour la plantation d’arbres, quelque chose qui a à voir avec devenir une créatrice », affirme-t-elle. « Je me suis adonné à la création de pépinières scolaires, offrant des cours sur le reboisement des forêts. Nous avons planté des jeunes plants dans des régions du pays qui ont grandement besoin de reboisement. En trois ans, nous avons planté 330 000 arbres. »

Mais il est devenu évident pour Marianna Muntianu que les efforts de reboisement ne seraient pas suffisants à eux seuls pour lutter contre la déforestation. C’est ainsi que Marianna a commencé à explorer l’idée de la réalité virtuelle.

« Environ 1,3 milliard de personnes dans le monde jouent à des jeux vidéos, soit environ 18% de la population mondiale. Non seulement cette technologie est très pertinente, mais l’impact de la réalité virtuelle est considérable.

« J'ai commencé à réfléchir à la manière dont nous pourrions utiliser les technologies modernes pour construire et non pour détruire. Je me suis mise à explorer l'idée de créer des jeux bénéficiant à la fois aux joueurs et à notre planète. »
 

Muntianu and her team created an educational mobile game combining the virtual world with reality
Muntianu et son équipe ont créé un jeu mobile éducatif associant le monde virtuel à la réalité. Photo : Programme des Nations Unies pour l'environnement

Un autre avantage des jeux vidéos est de rapprocher les citadins des réalités de la destruction de l'environnement qui pourraient se produire ailleurs, dans des régions reculées du pays, explique Marianna Muntianu.

« Beaucoup de gens vivent si loin des forêts, ils ne savent pas comment aider et disposent de peu de temps libre. J’ai exploré davantage de jeux interactifs, puis le jeu mobile “Plant the Forest” est né. »

Le jeu mobile éducatif combine le monde virtuel avec la réalité. Les joueurs développent leur propre forêt virtuelle, habitée par des insectes, des animaux et des oiseaux. En parallèle, de nouvelles forêts sont plantées par des volontaires.

Les utilisateurs apprennent ce qui doit être fait pour encourager les animaux à revenir et comment restaurer progressivement l'environnement. Le personnel forestier conseille les joueurs sur les arbres à planter et assure le suivi.

Dans les régions chaudes, des espèces à feuilles caduques telles que le chêne, le peuplier et l'érable sont plantées. En Sibérie, ce sont des espèces de conifères comme l'épicéa, le pin et le cèdre qui sont choisies. Des variétés d’arbres résistantes aux catastrophes, aux ravageurs et aux maladies sont également sélectionnées.

Aujourd’hui, plus de 4 000 personnes et 10 entreprises ont planté plus de 400 000 arbres dans 17 régions de Russie par le biais de « Plant the Forest ».
 

Already the team have planted thousands of trees across Russia
L'équipe a déjà planté des milliers d'arbres en Russie. Photo : Programme des Nations Unies pour l'environnement

Aujourd’hui, plus de 4 000 personnes et 10 entreprises ont planté plus de 400 000 arbres dans 17 régions de Russie par le biais de « Plant the Forest ».

Une plateforme permanente de financement participatif est utilisée pour collecter des fonds pour la restauration, et les donateurs reçoivent un certificat spécial indiquant les coordonnées du système d'information géographique (SIG) de leurs jeunes plants.

« Notre objectif est de tirer la sonnette d’alarme et signaler que les forêts disparaissent réellement. À chaque fois que nous coupons un arbre, celui-ci est rarement replanté. Nous devons assumer la responsabilité de la restauration. »

« Mon rêve est que tous ceux qui jouent à notre jeu apprécient l'expérience et réalisent que chacun d’entre nous peut jouer un rôle actif dans la préservation de la nature et de notre planète. Je crois que les rêves ont tendance à devenir réalité ! »

Le jeu a déjà été développé et une présentation officielle aura lieu à l'exposition universelle 2020 à Dubaï lors de sa sortie.

 

« C’est vraiment encourageant de voir une femme aussi jeune trouver une solution innovante basée sur la technologie pour assurer la restauration des forêts. Le travail de Marianna est important et crucial pour nos travaux de restauration terrestre dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. », affirme Musonda Mumba, responsable des écosystèmes terrestres du Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Le prix Jeunes champions de la Terre, rendu possible grâce à Covestro, est la principale initiative du Programme des Nations Unies pour l'environnement pour encourager les jeunes à relever les défis environnementaux les plus pressants au monde. Marianna Muntianu est l'une des sept lauréats annoncés cette année ! Restez à l'écoute pour postuler en janvier.