Photo: UNEP
29 Sep 2021 Récit Climate Action

En images : comment l'Afrique utilise la nature pour s'adapter au changement climatique

Photo: UNEP

Bien que le continent africain ne soit responsable que de 3 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone, les experts affirment que le continent sera le plus durement touché par le changement climatique. Selon le dernier rapport d'envergure du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), le continent se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale, ce qui devrait avoir des effets dévastateurs, qu'il s'agisse de précipitations extrêmes, de sécheresses ou d'inondations côtières.

Au cours des prochaines années, la préparation aux effets du changement climatique, connue sous le nom d'adaptation au changement climatique, sera essentielle pour les nations africaines. L'adaptation au changement climatique, qui consiste à réduire la vulnérabilité des pays et des communautés au changement climatique en augmentant leur capacité à faire face à ses effets, est un pilier essentiel de l'Accord de Paris. Le rapport 2020 du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière d'adaptation a révélé que malgré le progrès effectués par les nations dans les domaines de la planification et la mise en œuvre de projets d'adaptation, d'énormes lacunes subsistent, notamment en ce qui concerne le financement des pays en développement.

Une approche de l'adaptation gagne rapidement du terrain : les solutions fondées sur la nature. Elles s'appuient sur les systèmes du monde naturel pour relever les défis posés par le changement climatique, et leurs avantages peuvent être considérables. Par exemple, la protection des forêts et des mangroves pourrait à elle seule éviter 500 milliards de dollars de pertes annuelles liées au climat.

Cette semaine, les dirigeants se réunissent en ligne à l'occasion de la Semaine africaine du climat 2021, où ils exploreront les défis et les possibilités de lutte contre la crise climatique. Pour marquer l'occasion, nous examinons comment huit communautés africaines utilisent des solutions fondées sur la nature pour s'adapter à un monde en mutation.

Créer des digues naturelles aux Seychelles

A man folds his arms
Crédit : PNUE / FEM / Aidan Dockery

Victorin Laboudallon, grand-père et célébrité locale aux Seychelles, plante des forêts pour lutter contre le changement climatique. Les Seychelles, une nation de 115 îles au large de la côte est de l'Afrique, sont vulnérables à l'élévation du niveau de la mer, mais les forêts de mangroves constituent des digues naturelles qui font office de tampon contre les inondations et les tempêtes. "Si les mangroves disparaissent, la nation des Seychelles disparaîtra", déclare Victorin Laboudallon. Retraité d'une longue carrière dans la conservation de l'environnement, Victorin Laboudallon a créé sa propre organisation de volontaires pour aider à reboiser son pays. En riant, il explique que son nom de famille signifie "ami de la boue" dans sa langue créole locale.

Lutter contre la sécheresse à Madagascar

A woman harvests rice.
Crédit : PNUE / FEM / Lisa Murray

Dans la région de Vatovavy Fitovinany à Madagascar, les pluies irrégulières et les sécheresses ont entraîné une forte baisse des récoltes de riz. Avec l'aide du gouvernement et du Fonds pour l'environnement mondial, Vivienne Rakotoarisoa (sur la photo) et sa famille se sont adaptées en adoptant des moyens de subsistance plus résistants à la sécheresse. Par exemple, le rambo, ou laîche des sables, est une plante aquatique tolérante à la sécheresse, très populaire comme matériau de tissage. Vivienne Rakotoarisoa affirme que le passage à la culture du rambo a permis à sa famille de bénéficier d'un revenu plus stable dans un climat changeant.

Restaurer des pentes de montagne aux Comores

Women and children carry branches and twigs.
Crédit : PNUE / FEM / Hannah McNeish

Des femmes et des enfants transportent des branches et des brindilles en provenance des forêts se trouvant au sommet de l'île d'Anjouan, aux Comores. La hausse des températures et la déforestation assèchent les sols de la région, transformant les forêts en déserts. Pour contrer ce phénomène, le gouvernement aide les communautés à planter 1,4 million d'arbres dans les habitats des bassins versants. Les arbres retiennent l'humidité dans le sol et empêchent l'érosion des terres agricoles en fixant le sol, ce qui contribue à la sécurité alimentaire.

Construire la grande muraille verte à Djibouti

A man inspects a tree nursery in the rapidly drying north.
Crédit : PNUE / FEM / Hannah McNeish

Un représentant du ministère de l'environnement de Djibouti inspecte une pépinière dans le nord du pays, victime de l'assèchement rapide. Djibouti est l'un des nombreux pays africains participant à la Grande Muraille verte de l'Afrique, un plan ambitieux dont l'objectif est de restaurer les écosystèmes le long de la frontière sud du Sahara. Cette initiative vise à empêcher l'extension du désert et la destruction des réserves d'eau et des moyens de subsistance qui en résulte. Une fois achevée, la Grande Muraille verte devrait être la plus grande structure vivante de la planète et a pour but de créer 10 millions d'emplois dans les zones rurales d'ici à 2030.

Planter des pourpiers en arbre en Afrique du Sud

A restoration project
Crédit : Anthony Mills

Dans la province du Cap oriental, en Afrique du Sud, le gouvernement s'est lancé dans une vaste expérience écologique visant à restaurer d'immenses étendues de terres dégradées en plantant des pourpiers en arbre, une plante indigène. Le pourpier en arbre augmente l'infiltration de l'eau dans le sol, ce qui accroît les réserves d'eau souterraine et réduit les inondations. Cette plante absorbe également le dioxyde de carbone plus rapidement que la plupart des autres arbres dans des conditions climatiques sèches. Anthony Mills, PDG d'AfriCarbon, affirme que de nouveaux emplois verts ont été créés grâce à la restauration, qui a débuté en 2008. "Nous espérons que la restauration du couvert de pourpier en arbre pourra être un programme phare et pionnier pour la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes", a-t-il déclaré. La Décennie des Nations unies pour la restauration, lancée en juin de cette année, est un appel mondial à l'action pour restaurer les écosystèmes de la planète.

Mettre fin à la déforestation au Malawi

A man picks tea.
Crédit : Georgina Avlonitis

Le Malawi est le troisième producteur de thé d'Afrique, mais la baisse de productivité, conséquence du changement climatique, a contraint les petits exploitants à se tourner vers l'exploitation forestière. Cette situation rend la culture du thé encore plus difficile. L'abattage des arbres accélère l'érosion, supprime un important tampon contre les inondations et prive les agriculteurs du pouvoir de pollinisation des insectes. Le projet d'adaptation des paysages du thé au Malawi aide les habitants de la région à restaurer les forêts et à se former à des métiers, comme l'apiculture ou l'artisanat, qui sont moins dommageables que l'exploitation forestière.

Créer des emplois verts en Gambie

A woman surveys her crops in a community garden.
Crédit : PNUE / FEM / Hannah McNeish

Dans le nord-est de la Gambie, une région qui souffre de plus en plus de la sécheresse, une agricultrice surveille ses cultures dans un jardin communautaire. Les sécheresses, les pluies irrégulières et la hausse des températures, combinées à la déforestation, ont alimenté la désertification. Près de 4 % de la population du pays a quitté la Gambie pour l'Europe par la mer Méditerranée entre 2009 et 2019, c'est le taux le plus élevé de tous les pays africains. Mais désormais, l'un des plus grands projets de développement de l'histoire de la Gambie vise à restaurer plus de 10 000 hectares de terres ainsi qu'à améliorer la sécurité de l'eau. Lamin Dibba, ministre gambien de l'environnement, espère que ce projet permettra non seulement de soutenir les agriculteurs, mais aussi de créer 25 000 emplois verts afin d'offrir des débouchés locaux aux jeunes hommes qui risquent leur vie lors du périlleux voyage vers l'Europe.

Reconnaître les peuples autochtones en Tanzanie

A group of Maasai.
Crédit : PNUD Tanzanie, Small Grants Programme Tanzania

Le gouvernement tanzanien collabore avec les communautés indigènes pour protéger la biodiversité et s'adapter au changement climatique dans le district de Kiteto, où vivent de nombreux groupes ethniques, dont les Masaïs semi-nomades. Dans cette région, des sécheresses prolongées et des températures plus élevées ont provoqué des pertes de récoltes et des pénuries alimentaires depuis les années 1990. En juillet 2020, les chefs autochtones et communautaires d'Olengapa ont reçu des certificats d'occupation légale pour leurs sites sacrés et leurs zones de pâturage du bétail, ce qui a permis de résoudre les conflits liés aux terres et aux ressources naturelles. Le même projet a permis de planter une espèce d'herbe indigène, l'herbe à buffles, afin d'accroître la résilience climatique des pâturages locaux, car cette plante est plus acclimatée à l'aridité croissante des parcours. Le projet est un partenariat avec le programme de petites subventions du Fonds pour l'environnement mondial.

 

Le PNUE est à l'avant-garde des efforts déployés pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, à savoir maintenir l'augmentation de la température mondiale en dessous de 2°C, et de préférence à 1,5°C, par rapport aux niveaux préindustriels. À cette fin, le PNUE a élaboré une solution à six secteurs pour réduire les émissions. Cette solution fournit une feuille de route sur la manière dont les émissions peuvent être réduites dans tous les secteurs afin d'atteindre la réduction annuelle de 29-32 gigatonnes nécessaire pour limiter l'augmentation de la température. Les six secteurs identifiés sont l'agriculture et l'alimentation, les forêts et l'utilisation des terres, les bâtiments et les villes, les transports, l'énergie et les villes.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Jessica.troni@un.org