03 Jul 2018 Récit Objectifs de développement durable

Il n'y a qu'à le googler ?

« Rendre service est la valeur qui me guide. Un jour nous quitterons cette terre, et ce qui reste est ce que nous faisons pour les autres », affirme Omer Badokhon, le jeune champion de la Terre pour l'Asie de l'Ouest. Né dans un petit village du Yémen déchiré par la guerre, le quotidien d'Omer Badokhon est rempli de difficultés allant du conflit lui-même à l'absence d'électricité ou d'eau.

L'année dernière, le Yémen a été frappé par la plus grande épidémie de choléra au monde. Les conflits et la détérioration économique, le manque d'accès à l'eau potable et à l'assainissement continuent d'alimenter les craintes qu'une autre épidémie ne démarre.

Malgré ces défis, sans connexion à Internet, bénéficiant de peu de possibilités de voyager ou de se faire aider par d'autres personnes, Omer Badokhon continue de poursuivre son rêve (récompensé par un prix) qui consite à fournir de l'électricité pour la cuisine et des engrais pour cultiver des aliments à sa communauté.

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Photo : ONU Environnement

La technologie élaborée par Omer Badokhon vise à fournir des repas quotidiens et de l'espoir à sa collectivité. « Lorsque j'entends que des gens meurent du choléra au Yémen, je suis vraiment triste, car il existe une solution pour éviter cela », explique-t-il.

« La principale raison du déclenchement du choléra est la présence de déchets organiques non traités. Ce problème peut-être résolu en les transformant en biogaz. C'est un processus biochimique selon lequel du méthane et du dioxyde de carbone sont produits à partir des déchets. Ensuite, on peut les gaz peuvent être collectés et utilisés à la fois pour l'énergie et le carburant. »

Selon M. Badokhon, les Yéménites produisent en moyenne un demi-kilo de déchets organiques par jour. C'est à dire que chaque famille a suffisamment de déchets pour fournir du combustible de cuisine pour préparer un repas.

Pour Omer Badokhon, et des millions d'autres personnes dans les régions où les dures réalités de la vie quotidienne rendent les tâches simples comme trouver de la nourriture un défi, être un entrepreneur n'est pas une voile facile. A une ère où, dans de nombreux pays, la connexion Internet semble être la solution la plus simple et naturelle à de nombreux défis, il est tentant de penser que tout est possible.

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Photo : ONU Environnement

Cependant, dans de nombreux pays, trouver des solutions implique de surmonter des obstacles majeurs, et pas seulement taper un problème dans un moteur de recherche comme Google. Omer Badokhon est toujours à la recherche de fonds et de partenaires pour mener son projet à sa prochaine phase.

Eritai Kateibwi, est un autre jeune champion de la Terre. Il vit dans le Pacifique, sur l'une des 33 îles de Kiribati, parmi les plus isolées du monde. Cette nation de l'océan Pacifique se trouve à seulement quelques mètres au-dessus du niveau de la mer à son point le plus élevé.

L'île, peuplée de 114 000 habitants, doté d'une seule route, victime de la montée des eaux océaniques, de l'intrusion de sel et des coûts élevés de l'importation de nourriture, connaît des taux de malnutrition et de diabète très élevés. Les inondations et l'eau salée ont décimé l'approvisionnement alimentaire de nombreuses familles, et les aliments frais et nutritifs ne sont pas disponibles ou sont plus chers.

Mais Eritai Kateibwi a travaillé dur pour trouver une solution : « J'ai développé un procédé hydroponique simple et abordable pour cultiver des aliments nutritifs, car le régime alimentaire de la plupart des habitants ici n'est pas sain ni nutritif », explique-t-il.

« Le système hydroponique ne nécessite pas de terre, ne prend pas beaucoup d'espace, et peut être élevé au-dessus du sol pour éviter les inondations. Je cultive la nourriture dans des récipients en utilisant de l'eau à laquelle sont ajoutés nutriments au lieu de la terre. »

En utilisant ce système, Eritai Kateibwi a réussi à produire de la laitue, du chou chinois, des concombres, des tomates et du melon. Mais, explique-t-il, il est difficile de trouver les intrants nécessaires pour produire des aliments riches en nutriments pour les cultures.

Sans l'option d'aller sur Google pour savoir ce qui est disponible, Kateibwi tente toujours de trouver des solutions locales pour s'assurer que les plantes atteignent une croissance maximale. « Le principal défi que nous rencontrons est de produire notre propre engrais, car nous manquons de ressources sur l'île. Nous devons importer des ingrédients très chers », explique-t-il.

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Photo : ONU Environnement

« Nous entreprenons une étude pour pouvoir utiliser des matériaux locaux afin de produire notre propre engrais, et nous faisons actuellement beaucoup d'expériences pour rendre cela plus efficace. » Alors, comment relèvera-t-il ce défi ?

« Expériences, recherche et recherche, affirme Eritai Kateibwi ». Pour Eritai Kateibwi et Omer Badokhon, googler pour trouver des solutions n'est pas une option. Mais, alors qu'ils ouvrent la voie dans leurs domaines de recherche respectifs, et cherchent des solutions, ils donnent l'exemple et suscitent l'espoir au sein de leurs communautés comme quoi tout est possible.

Eritai Kateibwi et Omer Badokhon disposent d'un courage et d'une persévérance remarquables : exactement les ingrédients nécessaires pour surmonter les obstacles. Grâce à leurs efforts, lorsque les générations futures se tourneront vers Google pour rechercher des solutions au Yémen et à Kiribati, elles seront plus susceptibles de les trouver.