Photo by REUTERS/Tarmizy Harva
30 Apr 2021 Récit Ocean & Coasts

La pêche durable du thon est essentielle pour protéger l'espèce

Photo by REUTERS/Tarmizy Harva

Salade de thon. Sandwich au thon. Pâtes au thon. Pizza au thon. Sushi au thon. Grillé, frit ou cru. La popularité du thon ne fait aucun doute. Le thon, riche en oméga-3, en minéraux, en protéines et en vitamine B12, a vu son succès nutritionnel entraîner une surpêche. Alors que le monde entier tente d'assouvir son appétit pour ce met populaire, les thons adultes sont capturés plus vite qu'ils ne peuvent se reproduire.

En 2011, l'Union internationale pour la conservation de la nature a classé sept des 61 espèces de thon connues dans une catégorie menacée, c'est-à-dire en grave danger d'extinction. Le nombre de thons a également diminué en raison du changement climatique, qui désoxygène les océans en se réchauffant, menaçant la survie de la vie marine comme le thon (en anglais), qui a besoin d'oxygène en raison de sa grande taille.

Le 2 mai marque la Journée mondiale du thon des Nations unies, un événement lancé en 2016 lorsque l'Assemblée générale des Nations unies a voté une résolution visant à souligner la surpêche du thon.

Un appétit croissant

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a constaté que pendant les restrictions mondiales de 2020 liées à la COVID-19, la consommation de thon en conserve a augmenté. Plus de sept millions de tonnes métriques de thon et d'espèces apparentées sont pêchées chaque année, dont 33,3 % à des niveaux biologiquement non viables. Le thon représente 20 % de la valeur de toutes les pêches marines capturées et plus de 8 % de tous les produits de la mer commercialisés dans le monde.

Pour assurer une gestion plus durable de la pêche au thon, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et ses partenaires, dont le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), ont cofinancé et mis en œuvre un programme quinquennal de 50 millions de dollars américains. Ce programme, intitulé "Gestion durable des pêches et biodiversité dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale (ZHJN)" (en anglais), est dirigé par la FAO.

Risques liés à la chaîne d'approvisionnement

De nombreux pays dépendent du thon pour leur sécurité alimentaire, leur développement économique, l'emploi et la génération de recettes publiques. Plus de 80 États ont des pêcheries de thon et des centaines de milliers de personnes dépendent de la pêche pour leur subsistance.

L'océan Indien abrite la deuxième plus grande pêcherie de thon au monde, ce qui offre aux pays et aux communautés de pêcheurs un potentiel important de bénéfices économiques.

Cependant, la pêche au thon est associée à des risques majeurs pour la chaîne d'approvisionnement, tels que la surpêche, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) et les prises accessoires (partie de la capture qui n'est pas ciblée et qui est rejetée morte) d'espèces menacées et en voie de disparition (en anglais). Ces activités menacent la durabilité des pêcheries, des écosystèmes marins et des moyens de subsistance.

Des signes de progrès

À ce jour, le programme ZHJN, a permis de réaliser des progrès remarquables dans la protection de la biodiversité des eaux internationales en veillant à ce que les stocks de thon soient sains, que l'impact sur l'écosystème soit minimisé et que les pêcheries mondiales soient bien gérées.

Par exemple, le programme montre qu'entre 2014 et 2019, le nombre de grands stocks de thon victimes de surpêche est passé de 13 à 5. Reconstituer huit stocks de poissons pour atteindre un niveau sain n'est pas une mince affaire. En outre, les prises accessoires et la pollution marine ont été réduites. Sur ce dernier point, le programme a mis au point et testé des dispositifs d'agrégation de poissons non emmêlants et respectueux de l'océan, utilisés pour attirer les poissons. Le programme a également organisé des ateliers avec plus de 2 500 pêcheurs de 22 pays sur les techniques de réduction des prises accessoires.

Sinikinesh Beyene Jimma, chef de l'unité Eaux internationales du FEM du PNUE, a déclaré : "Les investissements du Fonds pour l'environnement mondial dans les projets et programmes relatifs aux eaux internationales, tels que le programme ZHJN des océans communs, permettent aux parties prenantes de collaborer à des approches scientifiques de la conservation et de la gestion du thon et d'autres espèces de poissons. Avec des événements tels que la Journée mondiale du thon, nous espérons sensibiliser le public à l'équilibre délicat entre notre consommation et la capacité de la nature à suivre. Nous voulons que les gens sachent qu'ils peuvent acheter du poisson provenant de stocks gérés de manière durable et qu'ils connaissent l'importance de le faire."

Selon les experts, les pays devront continuer à travailler ensemble pour adopter des solutions fondées sur des données probantes dans le secteur du thon. Celles-ci devraient se concentrer sur des méthodes de pêche durables qui réduisent l'impact environnemental et minimisent les prises accessoires. Les consommateurs peuvent également contribuer à la protection du thon en s'assurant que le thon qu'ils achètent est durable.