Moritz Thibaud/ABACA via Reuters
06 Apr 2021 Récit Nature Action

L'approche "Une seule santé" est essentielle pour lutter contre les inégalités en matière de santé et les maladies émergentes

Moritz Thibaud/ABACA via Reuters

Outre la myriade de nouveaux défis qu'elle a introduits, la propagation large et rapide de la COVID-19 a également révélé des inégalités sanitaires mondiales de longue date. Et si cette pandémie en est l'exemple le plus médiatisé, elle n'est pas la seule situation dans laquelle les personnes déjà vulnérables subissent le plus gros de l'impact.  

Récemment, la morsure de serpent a été à nouveau déclarée "maladie tropicale négligée"Selon l'Organisation mondiale de la santé, environ 5,4 millions de morsures de serpent se produisent chaque année, alors que la plupart de leurs conséquences néfastes pourraient être évitées en rendant plus largement disponibles et accessibles des antivenins sûrs et efficaces. 

Extraction of venom from a Coastal Taipan at the Australian Reptile Park
Extraction du venin d'un Taipan côtier au parc australien des reptiles. Photo : The Australian Reptile Park/Cove via Reuters Connect

 

 

 

 

Les morsures de serpent entraînent 1,8 à 2,7 millions de cas d'empoisonnement. La majorité de ces empoisonnements touchent les femmes, les enfants et les agriculteurs des communautés rurales pauvres des pays à revenu faible ou intermédiaire d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, où les systèmes de santé sont les plus faibles et les ressources médicales rares. Au final, entre 81 000 et 137 000 personnes en meurent, et il y a environ trois fois plus d'amputations et d'autres handicaps permanents chaque année. 

"C'est un excellent exemple de la manière dont une meilleure coopération internationale et intersectorielle dans le cadre d'une approche "Une seule santé" peut faire une énorme différence", affirme Julian Blanc, expert de la vie sauvage au sein du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). 

L'approche "Une seule santé" repose sur l'idée que la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent. Les experts du PNUE affirment qu'une plus grande coopération , entre écologistes, zoologistes et responsables de la santé publique, par exemple, peut aider à relever les défis sanitaires et leur impact social et économique.

Une seule santé

Reliant la santé humaine, animale et environnementale, "Une seule santé" est une approche transversale qui met en œuvre des programmes, des politiques, des législations et des recherches dans lesquels différents secteurs oeuvrent ensemble pour obtenir de meilleurs résultats en matière de santé publique.

Étant donné qu'environ deux tiers des maladies infectieuses humaines connues sont transmises par les animaux et que la plupart des maladies émergentes sont associées à la faune sauvage, l'approche "Une seule santé" se concentre sur le lien entre la santé humaine et la santé animale, y compris les zoonoses et la résistance anti-microbienne, lorsque l'exposition aux antibiotiques modifie les bactéries, les rendant plus difficiles à traiter. 

Toutefois, selon M. Blanc, les trois composantes de l'initiative "Une seule santé" : santé humaine, animale et environnementale, ne peuvent être dissociées, et nécessitent toutes trois une attention urgente. "De nombreuses zoonoses qui sont devenues des pandémies ont été liées à des facteurs environnementaux tels que la déforestation, et sont exacerbées par les changements climatiques. Nous ne parviendrons pas à garantir la santé humaine si nous continuons à ignorer la santé environnementale."

Et si la santé publique a révélé les inégalités mondiales, celles-ci ne peuvent être résolues en l'absence d'une santé publique plus efficace, explique Laetitia Sieffert, experte en santé auprès de la Convention sur la diversité biologique, "Les approches "Une seule santé" peuvent contribuer à lutter contre les inégalités environnementales et sanitaires de manière holistique, en favorisant un accès équitable aux services et produits de santé, et en encourageant une gestion saine des ressources naturelles et des écosystèmes."  

Nous ne parviendrons pas à garantir la santé humaine si nous continuons à ignorer la santé environnementale.

Julian Blanc, expert de la vie sauvage au PNUE

Groupe d'experts de haut niveau "Une seule santé"

Avec pour thème "bâtir un monde plus juste et en meilleure santé", la journée mondiale de la santé met en évidence le droit à la santé et la nécessité de s'attaquer aux inégalités en matière de santé.

Développant son travail sur l'initiative "Une seule santé", le PNUE collabore avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, l'Organisation mondiale de la santé animale et l'OMS, et recherche des personnes susceptibles de faire partie du groupe d'experts de haut niveau "Une seule santé"

Le panel collectera, distribuera et publiera des informations scientifiques fiables sur les liens entre la santé humaine, animale et environnementale afin d'aider les responsables publics à prendre les décisions appropriées pour faire face aux crises futures. L'initiative du panel est en partie une réponse à la crise sanitaire de la COVID-19 qui a mis en évidence les liens étroits entre la santé humaine, animale et environnementale, dans un contexte de multiplication des contacts entre l'homme, le bétail et la faune sauvage et de dégradation des écosystèmes.   

Pour plus d'informations, veuillez contacter Julian Blanc : julian.blanc@un.org  

 

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