Mercury testing lab in Minamata, Japan. Photo: Kim Kyung-Hoon
24 Mar 2022 Récit Chemicals & pollution action

Pourquoi le mercure est toujours une menace pour la santé humaine et planétaire

Mercury testing lab in Minamata, Japan. Photo: Kim Kyung-Hoon

Tout le monde est exposé au mercure à un certain niveau, que ce soit par le biais des aliments que nous mangeons, l'air que nous respirons ou les produits cosmétiques que nous utilisons. L'inhalation ou l'ingestion de grandes quantités de mercure peut avoir de graves conséquences sur la santé neurologique. Les symptômes peuvent inclure des tremblements, des insomnies, des pertes de mémoire, des maux de tête, une faiblesse musculaire et, dans les cas extrêmes, la mort.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), deux groupes sont particulièrement menacés : les bébés à naître, dont les mères ont des taux élevés de mercure dans le sang, et les personnes régulièrement exposées à des niveaux élevés de mercure, comme les pêcheurs de subsistance.

Pour relever ce défi mondial, des représentants de gouvernements, d'organes des Nations unies, du monde universitaire et de la société civile se sont réunis à l'occasion de la reprise de la quatrième réunion de la Conférence des parties à la Convention de Minamata sur le mercure

Lors de la conférence, qui s'est déroulée du 21 au 25 mars à Bali, en Indonésie, les représentants ont discuté de questions sensibles essentielles telles que le cadre permettant d'évaluer l'efficacité de la convention, la liste des produits contenant du mercure à éliminer progressivement et la manière de traiter les effets du mercure sur la santé.

La Convention porte le nom de la baie du Japon où, au milieu du XXe siècle, des eaux usées industrielles chargées de mercure ont empoisonné des milliers de personnes, entraînant de graves problèmes de santé connus sous le nom de "maladie de Minamata." Depuis son entrée en vigueur en 2017, la Convention vise à contrôler l'approvisionnement et le commerce du mercure, et à réduire l'utilisation, l'émission et le rejet de mercure, à sensibiliser le public et à renforcer les capacités institutionnelles nécessaires. Entrée en vigueur en 2017, elle compte à ce jour 137 parties.

Alors que les niveaux de mercure peuvent être mesurés dans des échantillons de sang, de cheveux ou d'urine ; voici quelques façons dont les humains sont exposés quotidiennement à cet élément :

Consommation de poisson

Fish being tested for mercury.
Un chercheur analyse les fruits de mer pour détecter la présence de métaux tels que le mercure et le plomb. Photo : Shutterstock

Les fruits de mer constituent la principale source de protéines pour plus de trois milliards de personnes dans le monde (article en anglais). Le mercure s'accumulant dans la chaîne alimentaire, les gros poissons tels que le requin, l'espadon, le thon et le marlin ont tendance à contenir beaucoup de mercure. Les personnes qui consomment de très grandes quantités de fruits de mer peuvent être exposées à des niveaux élevés de méthylmercure, un composé organique qui s'accumule dans les poissons.

L'intoxication au mercure dû à la consommation d'animaux marins a été observé parmi les groupes autochtones dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans l'Arctique. La consommation de fruits de mer par habitant dans ces communautés peut être jusqu'à 15 fois plus élevée que dans les groupes non autochtones (en anglais), selon l'évaluation mondiale du mercure 2018 du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

Produits cosmétiques

Seven cosmetic bottles
Les produits cosmétiques peuvent contenir des matières potentiellement dangereuses, notamment de microplastiques et de mercure. Photo : Unsplash/Elizabeth Favara

On peut également trouver du mercure dans les produits de beauté, notamment les crèmes éclaircissantes pour la peau, mais aussi le maquillage des yeux et les produits nettoyants pour les yeux. Si de nombreux pays ont imposé des lois interdisant le mercure dans les cosmétiques, d'autres ne l'ont pas encore fait, et des produits contaminés par le mercure ont été trouvés sur les principaux sites de vente en ligne. Les consommateurs qui cherchent à éviter cet élément toxique doivent acheter des produits auprès de vendeurs fiables et s'assurer que leurs produits sont correctement scellés et étiquetés. L'Organisation mondiale de la santé dispose de plus d'informations sur le sujet.

L'exploitation minière à petite échelle

A couple mine for gold in Indoneisa
Mineurs d'or à petite échelle sur la rivière Cisero, Java Ouest, Indonésie. Photo : Reuters/Dika Fadilah

Les mineurs d'or artisanaux et à petite échelle utilisent régulièrement du mercure pour les aider à séparer l'or des autres matériaux, et la majeure partie de ce mercure finit dans l'environnement. En 2015, selon l'évaluation mondiale du mercure, l'exploitation minière artisanale et à petite échelle a émis quelque 800 tonnes de mercure dans l'air, soit environ 38 % du total mondial, et a également rejeté quelque 1 200 tonnes de mercure dans les sols et les eaux. L'empoisonnement au mercure représente également une menace grave et directe pour la santé des 12 à 15 millions de personnes qui travaillent dans ce secteur dans le monde. La réduction des émissions et des rejets de mercure provenant de l'exploitation minière est un objectif clé de la convention de Minamata, qui exige des pays où l'on pratique l'extraction d'or à petite échelle qu'ils élaborent des plans d'action nationaux visant à réduire ou à éliminer le mercure de ce secteur.

Combustion de charbon

Steam rises from the towers of a coal power plant
De la vapeur s'élève des tours de refroidissement d'une centrale au charbon à Niederaussem, en Allemagne. Photo : Reuters/Wolfgang Rattay

Non seulement la combustion du charbon contribue à la pollution atmosphérique et à la crise climatique, mais elle est également une source majeure d'émissions de mercure anthropiques. L'évaluation mondiale du mercure de 2018 a révélé que la combustion du charbon et d'autres formes de combustion de combustibles fossiles et de biomasse étaient responsables d'environ 24 % des émissions mondiales de mercure. Bien que le charbon ne contienne que de faibles concentrations de mercure, les gens ont tendance à le brûler en grande quantité. La croissance de l'économie mondiale s'accompagne d'une augmentation de la consommation de charbon pour la production d'électricité. La bonne nouvelle est que l'on peut réduire jusqu'à 95 % des rejets de mercure des centrales électriques en améliorant le rendement du charbon et des centrales, ainsi que les systèmes de contrôle des autres polluants.

Amalgame dentaire

Depuis plus de cent ans, le mercure est l'un des principaux ingrédients de l'amalgame dentaire, le mélange que les dentistes utilisent pour combler les caries dentaires de leurs patients. Si les amalgames ne représentent probablement qu'une menace minime pour la santé des personnes, leur utilisation contribue également à l'accumulation progressive de cet élément toxique dans notre environnement. Pour relever ce défi, la convention de Minamata propose neuf mesures spécifiques pour "réduire progressivement l'utilisation des amalgames dentaires" dans le monde entier. Ces mesures comprennent la fixation d'objectifs nationaux visant à réduire l'utilisation des amalgames, la promotion de l'utilisation d'alternatives sans mercure et le soutien des meilleures pratiques en matière de gestion des déchets de mercure.

 

Pour plus d'informations, visitez le site web de la Convention de Minamata, consultez l'évaluation mondiale du mercure 2018 et apprenez-en davantage sur les résultats de la dernière Conférence des Parties.