Photo by Shutterstock
04 Aug 2021 Récit Nature Action

Protéger le paradis de l'île de Praslin, aux Seychelles

Photo by Shutterstock

Pour de nombreux habitants et touristes, l'île de Praslin aux Seychelles est synonyme de paradis. Des sables blancs de l'Anse Lazio, fréquemment élue comme l'une des meilleures plages du monde, aux espèces endémiques de la jungle, en passant par les récifs coralliens colorés du parc marin de Curieuse, Praslin regorge de beauté et de biodiversité.

Mais, comme le montrent les événements survenus sur un site du nord-ouest de l'île, ce paradis est précaire.

Les zones humides de la Plaine Hollandaise-Pasquière, qui couvrent une superficie totale de 7 hectares, se dégradent régulièrement en raison des activités humaines. "Il y a 30 à 40 ans, des feux de forêt ont brûlé la zone, ce qui a provoqué une dégradation dans les montagnes", explique Elvina Henriette de la Terrestrial Restoration Action Society of Seychelles (TRASS). "Cette dégradation entraîne ensuite l'écoulement du sol vers les zones humides".

A degraded hill, causing soil to flow down into the wetlands, threatening biodiversity and increasing risk of floods.
L'érosion fait dévaler le sol des collines dans les zones humides de la Plaine Hollandaise-Pasquière, ce qui augmente le risque d'inondations. Photo : TRASS

Non seulement l'érosion entraîne le développement d'espèces envahissantes, menaçant ainsi la biodiversité des zones humides, mais elle empêche également ces dernières de remplir leurs fonctions naturelles, comme la prévention des inondations. Les routes et autres infrastructures autour de la Plaine Hollandaise sont fréquemment exposées à des risques d'inondation. De plus, l'excès de terre est rejeté dans la mer, faisant virer au rouge l'eau normalement turquoise et recouvrant les récifs coralliens, les bancs de sable et les herbiers marins : les atouts mêmes qui font du parc marin de Curieuse un lieu digne de protection et une attraction touristique.

Faire revivre les zones humides

Un projet de TRASS, soutenu par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), vise à réhabiliter la zone humide, en commençant par restaurer les piémonts dégradés par des mesures anti-érosion. L'idée d'une telle mesure est venue des résidents locaux, qui en avaient assez de la menace constante des inondations. Ils ont aidé à rassembler et à transporter des feuilles de palmier pour construire une barrière physique destinée à stabiliser le sol. Ils ont également placé des nattes et des couvertures en produits naturels, comme le cocotier, un textile biodégradable, sur les pentes abruptes, piégeant ainsi le sol et permettant à la végétation de s'enraciner.

La zone humide est encore plus importante pour la biodiversité que nous le pensions auparavant.

Elvina Henriette, chercheuse

En collaboration avec les écoliers et la communauté locale, le projet vise également à restaurer la biodiversité naturelle des zones humides en éliminant les plantes envahissantes et en les remplaçant par des espèces indigènes. Quelque 5 000 plants ont déjà été semés. Ces activités ont conduit à une découverte étonnante : la grenouille des Seychelles, une espèce menacée que l'on trouve uniquement sur l'archipel. Les chercheurs pensaient que la grenouille ne vivait qu'à des altitudes supérieures à 100 mètres, et non au niveau de la mer où se trouvent les zones humides, a déclaré Henriette. Parmi les autres espèces endémiques ou menacées découvertes dans les zones humides figurent la rainette des Seychelles et le caméléon tigre. "Cela montre que la zone humide est encore plus importante pour la biodiversité que nous ne le pensions auparavant", a déclaré Henriette.

Grâce à ce projet, la Plaine Hollandaise réhabilitée contribuera à sauvegarder les espèces uniques et précieuses des Seychelles. La zone humide restaurée apportera également une sécurité économique, en protégeant les récifs coralliens et les plages de renommée mondiale du parc marin de Curieuse, et une sécurité physique, en réduisant l'occurrence des inondations.

: Staff members collecting data on replanted native species in the wetland.
Des membres du personnel de la Terrestrial Restoration Action Society des Seychelles recueillent des données avant de replanter des arbres indigènes. Photo : TRASS

Sauvegarde des zones côtières

Le projet est financé par le Fonds pour l'environnement mondial dans le cadre de la mise en œuvre du programme d'action stratégique pour la protection de l'océan Indien occidental contre les sources et activités terrestres, exécuté par la convention de Nairobi. Cette initiative contribue à réduire le stress d'origine terrestre en protégeant les habitats essentiels, en améliorant la qualité de l'eau et en gérant le débit des rivières.

La Convention de Nairobi, qui fait partie du Programme des mers régionales du PNUE, sert de plateforme aux gouvernements, à la société civile et au secteur privé pour travailler ensemble à la gestion et à l'utilisation durables de l'environnement marin et côtier de l'océan Indien occidental. 

Elle s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par le PNUE pour sauvegarder les habitats marins de la planète et prévenir l'extinction imminente de près d'un million d'espèces, selon les scientifiques.

Le projet Plaine Hollandaise et d'autres aideront les Seychelles à faire en sorte que les points chauds de la biodiversité et les écosystèmes marins et côtiers cruciaux - qui fournissent à la fois de la nourriture, des emplois et une protection contre les tempêtes - autour de ses 115 îles continuent de fournir ces services écosystémiques.

Le projet est également conçu pour aider les Seychelles à atteindre les cibles de l'objectif de développement durable 14, dans le cadre duquel elles se sont engagées à gérer et à protéger durablement leurs écosystèmes marins et côtiers, ainsi que les cibles futures du Cadre mondial pour la biodiversité, un plan ambitieux visant à garantir que la société vive en harmonie avec la nature d'ici 2050.

La réhabilitation de la Plaine Hollandaise serait également une réalisation majeure de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes, une initiative mondiale visant à faire revivre les espaces naturels qui a débuté en juin. Enfin, 90 % des zones humides de plaine des Seychelles étant dégradées, les participants estiment que le projet permettra de tirer des leçons importantes pour les partenaires qui travaillent à la restauration d'autres zones humides à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

L'Assemblée générale des Nations unies a déclaré que les années 2021 à 2030 seraient la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes. Dirigée par le Programme des Nations unies pour l'environnement et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la Décennie des Nations unies est conçue pour prévenir, arrêter et inverser la dégradation des écosystèmes dans le monde entier. Cet appel mondial à l'action a été lancé le 5 juin, journée mondiale de l'environnement. Il rassemblera le soutien politique, la recherche scientifique et la puissance financière pour intensifier la restauration dans le but de faire revivre des millions d'hectares d'écosystèmes terrestres et aquatiques. Découvrez les travaux du PNUE sur la préservation des écosystèmes, notamment les forêts, les côtes, les tourbières et les récifs coralliens. Pour en savoir plus sur la Décennie des Nations unies pour la restauration, cliquez ici.

Pour plus d'informations, veuillez contacter angela.patnode@un.org.