Programme des Nations Unies pour l'environnement
05 Nov 2019 Récit Catastrophes et conflits

Réduire les effets négatifs de la guerre et des conflits armés sur l'environnement

Message de la directrice exécutive à l'occasion de la Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé

 

Au cours des dernières décennies, deux changements fondamentaux ont façonné la façon dont la communauté internationale comprend les défis à la paix et à la sécurité.

Premièrement, l'éventail des acteurs potentiels des conflits s'est considérablement élargi pour inclure les entités non étatiques. En effet, la sécurité n'est plus étroitement conçue en termes de menaces militaires conventionnelles. Aujourd'hui, l'échec de l'État et la guerre civile représentent certains des plus grands risques pour la paix mondiale.

Deuxièmement, les causes potentielles de l'insécurité sont mieux comprises. En 2004, le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau du Secrétaire général sur les menaces, les défis et le changement a mis en lumière la relation fondamentale entre l'environnement, la sécurité et le développement social et économique dans la poursuite de la paix mondiale au XXIe siècle.

En 2007, un débat historique au Conseil de sécurité de l'ONU a reconnu que "les missions de l'ONU et les opérations de maintien de la paix déployées dans des pays en conflit armé dotés de ressources pourraient jouer un rôle en aidant les gouvernements concernés, dans le plein respect de leur souveraineté sur leurs ressources naturelles, à empêcher que l'exploitation illégale de ces ressources n'alimente le conflit".

Les facteurs environnementaux sont rarement, voire jamais, la seule cause de conflit violent. Cependant, l'exploitation des ressources naturelles et les stress environnementaux connexes peuvent être impliqués dans toutes les phases du cycle du conflit, qu'il s'agisse de contribuer à l'éclatement et à la perpétuation de la violence ou de compromettre les perspectives de paix.

L'accès et l'écoulement de l'eau, la dégradation des sols, les inondations et la pollution, en plus de la concurrence pour les ressources extractives, peuvent exacerber directement les tensions et conduire à l'éclatement de conflits, comme c'est le cas pour des problèmes d'épuisement des ressources tels que la déforestation, l'érosion des sols et la désertification.

Cette évolution du paysage sécuritaire exige un changement dans la façon dont la communauté internationale s'engage dans la gestion des conflits. De la prévention des conflits et de l'alerte rapide au rétablissement, au maintien et à la consolidation de la paix, le rôle potentiel des ressources naturelles et de l'environnement doit être pris en compte dès le départ.

Depuis 1999, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a effectué plus de vingt évaluations post-conflit pour déterminer les impacts environnementaux de la guerre. Le PNUE a également contribué (rapport en anglais) à identifier les lacunes et les faiblesses du droit international qui protègent l'environnement pendant les guerres et les conflits armés.

Par le biais de résolutions adoptées lors des Assemblées des Nations Unies sur l'environnement en 2016 et 2017, les États membres ont démontré leur reconnaissance de la nécessité d'améliorer la protection de l'environnement en période de conflit armé.

Nous saluons en particulier l'adoption par la Commission du droit international, le 8 juillet 2019, de 28 projets de principes juridiques visant à examiner les causes et les conséquences des guerres et des conflits armés sur l'environnement.

Toutefois, si nous voulons atteindre les objectifs de développement durable, nous devons agir avec plus d'urgence et de cohérence pour réduire les menaces que les conflits armés font peser sur notre environnement et, en définitive, sur notre santé et nos moyens de subsistance.

En cette Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé, nous n'avons qu'une seule voie à suivre : renforcer notre ambition de protéger notre planète, même dans les scénarios les plus complexes et les plus difficiles.