26 Sep 2018 Récit Climate Action

S'attaquer au problème le plus urgent au monde : la viande

Impossible Foods et Beyond Meat sont les lauréats du prix Champions de la Terre, dans la catégorie Science et innovation.

Depuis la préhistoire, les humains ont eu recours aux animaux pour transformer la biomasse végétale en aliments très précieux, riches en nutriments, comme la viande et les produits laitiers. Ces aliments sont une source nutritionnelle importante et l'un des plus grands plaisir de la vie quotidienne de milliards de personnes à travers le monde.

Mais le recours aux animaux comme technologie de production alimentaire nous a menés au bord de la catastrophe. L’impact destructeur de l’élevage animal sur notre environnement dépasse de loin celui de toute autre technologie sur Terre, selon Ethan Brown et Patrick O. Brown.

L'empreinte carbone de l'élevage animal est comparable à celle des voitures, camions, bus, bateaux, avions et fusées, affirment-ils. Il est impossible d'atteindre les objectifs climatiques signés à Paris sans une réduction massive de la taille de l'industrie de l'élevage, ajoutent-ils.

L’ampleur du problème a poussé deux entrepreneurs à agir. Ethan Brown a fondé Beyond Meat en 2009 et Patrick O’Reilly Brown a fondé Impossible Foods en 2011. Tous deux croient que la "viande" à base de plantes est un produit d'avenir.

Les citoyens du monde ont la possibilité d'éliminer le besoin d'animaux du système alimentaire en obtenant les protéines nécessaires à partir de plantes, affirment les fondateurs. Ethan Brown et Patrick O’Reilly Brown ont été nommés Champions de la Terre 2018 dans la catégorie science et innovation pour leur travail de pionnier visant à réduire notre dépendance aux aliments d'origine animale.

Ethan Brown, fondateur et chef de la direction, Beyond Meat

Enfant, Ethan Brown s’intéresse de plus en plus à la question suivante : quelles sont les différences biologiques significatives qui expliquent que nous mangeons certains animaux et pas d'autres ? Il n'a jamais réussi à résoudre ce problème.

Ce problème a continué de le ronger à l’université et dans ses travaux dans le secteur des énergies propres. À ce moment-là, ce dilemme était accompagné d'autres questions : quel est le moyen le plus efficace de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, l'élevage n'en est-il pas le principal contributeur ? Environ 80% des terres agricoles servent à nourrir le bétail ou sont transformés en pâturages, existe-t-il un meilleur moyen de produire des protéines ? Certaines quantités et types de protéines animales sont-ils nocifs pour la santé ?

« Ces quatre domaines de questionnement ne cessaient de me revenir à l'esprit : la santé, le changement climatique, les ressources naturelles et les conséquences du recours aux animaux pour la production de viande sur le bien-être animal. Et ce qui m'a fasciné, c'est qu'il est possible de répondre à toutes ces préoccupations de manière simultanée en changeant simplement notre source de protéines en passant de la viande des animaux et en adoptant les produits à base de plantes. Si nous changeons notre façon de penser pour nous concentrer sur la composition de la viande par rapport à son origine animale, nous pouvons aborder le problème selon une autre perspective », explique M. Brown.

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La viande est si inefficace…

En travaillant avec des scientifiques de haut niveau, les équipes ont décomposés les composants essentiels de la viande et les ont pu en obtenir de similaires à partir de plantes grâce à des ingrédients tels que les pois, la betterave, l'huile de noix de coco et la fécule de pomme de terre.

« La viande est composée d'acides aminés, d'eau, de lipides, de glucides, et de minéraux. Les animaux utilisent leurs systèmes digestif et musculaire pour transformer la végétation et l'eau en viande. Nous allons directement à l’usine, sans passer par les animaux et nous fabriquons de la viande directement. Nous nous améliorons chaque année et nous poursuivons sans relâche l'élaboration parfaite et indiscernable de viande à partir de plantes », affirme M. Brown.

« Le maïs, le soja et le blé dominent l'agriculture en Amérique. Nous pouvons changer cela. Prenez le même morceau de terre pour cultiver des protéines directement à partir de plantes et nous pouvons réduire les ressources naturelles nécessaires, puis utiliser plus efficacement la terre. »

Selon une étude menée par l'Université du Michigan, l'élaboration d'un "Beyond Burger" d'un quart de livre requière 99% d'eau en moins, 93% de terres agricoles en moins et génère 90% d'émissions de gaz à effet de serre en moins que son équivalent à partir de viande de boeuf.

« Ce qui est clair, c’est que la façon dont nous produisons de la viande aujourd’hui n’est pas viable. Nous repoussons les limites à la fois des ressources naturelles et de notre atmosphère », explique M. Brown. « Nous pensons qu'en transposant les superficies actuellement consacrées à l'alimentation animale dans la production de protéaginteux pour la consommation humaine, nous pouvons apporter un changement radical d'efficacité, une innovation indispensable et une croissance économique durable aux économies rurales des États-Unis et à l'étranger. »

Dr. Patrick O. Brown, fondateur et directeur général, Impossible Foods

Membre de l'Académie nationale de médecine et professeur de biochimie à l'université de Stanford en 2009, Patrick O. Brown a pris un congé sabbatique. Il souhaitait évaluer quels étaient les problèmes mondiaux les plus urgents et ceux qu’il pourrait aider à résoudre.

Avoir recours aux animaux pour se nourrir constitue la grande majorité de l'empreinte carbone de l'humanité. Tous les bâtiments, routes et surfaces pavées du monde occupent moins de 1% de la surface terrestre, tandis que plus de 45% de la surface terrestre sont utilisés comme pâturages ou pour la production de fourrage pour le bétail.

À moins d’agir rapidement pour réduire ou éliminer le recours aux animaux comme technologie de production au sein du système alimentaire, a expliqué M. O. Brown, nous courons au désastre écologique. L’objectif d’Impossible Foods est ambitieux : réduire l’impact destructeur de l’humanité sur l’environnement mondial, remplacer l’utilisation des animaux en tant que technologie de production alimentaire et éliminer totalement le recours aux animaux en tant que technologie de production alimentaire d’ici 2035.

« Le problème le plus urgent pour moi était le recours aux animaux comme technologie de production alimentaire : la technologie la plus destructrice sur terre », affirme-t-il. M. O. Brown n'a pas peur de perturber le statu quo, il a en effet déjà transformé le système de publication scientifique en fondant la Public Library of Science (PLOS).

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Rendre la viande meilleure

« S'il y a une chose que j’ai apprise, c’est que les grands problèmes mondiaux ne sont pas la responsabilité de quelqu'un d’autre. Ce problème ne sera pas résolu en demandant aux consommateurs de manger des haricots et du tofu au lieu de la viande et du poisson. Et il ne suffirait pas de trouver un meilleur moyen de fabriquer de la viande, pour réussir, il faut élaborer la meilleure viande au monde. »

L'équipe a fait une découverte importante : l'hème, « l'ingrédient magique », une molécule contenant du fer qui se trouve naturellement dans chaque cellule de chaque animal et de chaque plante. Ce composant est responsable des saveurs et des arômes uniques de la viande.

M. O. Brown et son équipe ont découvert qu'en ajoutant un gène végétal aux cellules de levure, ils pouvaient produire de l'hème en quantités illimitées, tout en ayant un impact environnemental minime. La fabrication d'un "Impossible Burger" requière environ 75% d'eau et 95% de terres en moins et génère environ 87% d'émissions de gaz à effet de serre en moins que les hamburgers à la viande de boeuf.

« Sur la base de tout ce que nous avons appris, il ne fait aucun doute que l’utilisation des animaux en tant que technologie de production alimentaire sera bientôt dépassée. La fabrication de viande à partir de plantes est non seulement beaucoup moins destructrice pour l'environnement, mais elle permettra aussi à la viande d'être meilleure, plus saine, diversifiée et abordable. En élaborant la meilleure viande au monde, en laissant le choix du consommateur de conduire le changement, l'utilisation des animaux comme technologie alimentaire ne sera bientôt plus qu'un vieux souvenir. »

The magnitude of our food system problem has prompted two entrepreneurs to take action. Ethan Brown founded Beyond Meat in 2009 and Patrick O’Reilly Brown founded Impossible Foods in 2011. Both believe that plant-based meat is the future.

According to Brown and O. Brown, the greenhouse gas footprint of animal agriculture rivals that that of every car, truck, bus, ship, airplane, and rocket ship combined. Beef, the most commonly consumed meat requires “20 times more land and [emits] 20 times more GHGs per gram of edible protein than common plant proteins, such as beans, peas and lentils.” There is no pathway to achieve The Paris Climate Agreement’s objectives without a massive decrease in the scale of animal agriculture.

Brown and O. Brown argue that the global community can eliminate the need for animals in the food system by shifting the protein at the centre of the plate to plant-based meat. For their pioneering work towards reducing our dependence on animal-based foods, they have been selected 2018 Champions of the Earth in the category of science and innovation.

Ethan Brown, Founder and Chief Executive Officer, Beyond Meat

As a child, Ethan Brown became interested in the question: what are the meaningful biological differences that justify which animals we eat, and which we don’t? The dilemma stuck.

It gnawed at him through university and into his work in the clean energy sector. By then, this dilemma had been joined by questions: what’s the most effective way to tackle greenhouse gas emissions – and are livestock major contributors? Roughly 80 per cent of agricultural land is used to make livestock feed or for grazing– is there a better way to produce protein? Are certain amounts and types of animal protein harmful for our health?

“These four things kept coming back to me: human health, climate change, natural resource, and animal welfare implications of using animals for meat.  And what fascinated me is that you can simultaneously tackle all these concerns by simply changing the protein source for meat from animals to plants. If we shift our thinking to focus on the composition of meat versus its animal origin, we have a huge canvas to work from,” said Brown.

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Unsustainable production

Working with top scientists, their teams strip down the core components of meat and extract them from plants instead, using ingredients like peas, beetroot, coconut oil and potato starch.

“Meat is composed of amino acids, lipids, minerals and water. Animals use their digestive and muscular systems to convert vegetation and water into meat,” said Brown. “We’re going straight to the plant, bypassing the animal and building meat directly. We get better every year and are on a relentless march toward that perfect and indistinguishable build of meat from plants.”   

In 2018, Beyond Meat commissioned The Center for Sustainable Systems at the University of Michigan to conduct an environmental assessment study of its plant-based burger patty. The study revealed that a quarter-pound Beyond Burger requires 99 per cent less water, 93 per cent less land and generates 90 per cent fewer greenhouse gas emissions, using 46 per cent less energy to produce in the U.S. than its beef equivalent.

“What’s clear is that the way we produce meat today is not sustainable.  We are pushing limits on both natural resources and atmosphere,” said Brown. “We believe that by transitioning acreage currently dedicated to animal feed into protein crops that can be used directly for human consumption in the form of meat from plants, we can bring a step-change in efficiency, much needed innovation, and sustainable economic growth to rural economies here in the US and abroad.”

Dr. Patrick O. Brown, Founder and Chief Executive Officer, Impossible Foods

A Member of the National Academy of Medicine and Professor of biochemistry at Stanford University , O. Brown took a sabbatical in 2009. He wanted to assess which global problems are the most urgent and which he could help solve.

Using animals for food makes up the vast majority of the land footprint of humanity. All the buildings, roads and paved surfaces in the world occupy less than one per cent of Earth’s land surface, while more than 45 per cent of the land surface of Earth is used as land for grazing or growing feed crops for livestock.

Unless we act quickly to reduce or eliminate the use of animals as technology in the food system, O. Brown reasoned, we are racing toward ecological disaster. Impossible Foods has an ambitious goal: to reduce humanity’s destructive impact on the global environment, replacing the use of animals as a food production technology and eliminate animals as a food-production technology by 2035.

“By far the most urgent problem to me was the use of animals as a food production technology – the most destructive technology on earth,” he said. O. Brown is no stranger to disrupting the status quo, already having transformed the scientific publishing system by founding the Public Library of Science (PLOS).

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Making Meat Better

“If there’s one thing I’ve learned, it’s that big global problems are not someone else’s responsibility. This problem wasn’t going to be solved by pleading with consumers to eat beans and tofu instead of meat and fish. And it wouldn’t be enough just to find a better way to make meat; to succeed we would need to make the best meat in the world.”

The team made an important discovery: the “magic ingredient” heme - an iron-containing molecule that occurs naturally in every cell of every animal and plant. It is responsible for the unique flavours and aromas of meat.

O. Brown and his team found that by adding a plant gene to yeast cells, they could produce heme in unlimited quantities, with a tiny fraction of the environmental impact. The Impossible Burger requires approximately 75 per cent less water and 95 per cent less land, generating about 87 per cent lower greenhouse gas emissions than beef burgers.

“Based on all we’ve learned, there's no question that the use of animals as a food-production technology will soon be obsolete. Making meat directly from plants is not only far less destructive to the environment, but it will enable meat to be more delicious, healthy, diverse, and affordable,” said O. Brown. “Create the best meat in the world, let consumer choice drive the change and the use of animals as food technology will soon be a fading memory,” he added.

Editor’s Note:

The title of this story has been changed and some of the data has been updated.