03 Jun 2020 News

Six façons dont le PNUE/PAM peut soutenir une renaissance verte en Méditerranée

En réponse à la crise économique provoquée par la COVID-19, les pays méditerranéens introduisent des politiques, des mesures et des plans de relance pour soutenir la reprise. Des millions d’emplois sont en jeu et, selon les premières estimations, les fermetures visant à faire face à la pandémie auront déjà réduit le revenu national de plusieurs points de pourcentage. Pourtant, malgré la traînée de destruction que la COVID-19 laisse dans son sillage, la région se doit de saisir cette occasion historique pour mieux se relever.

Il nous faut à cette fin revoir notre relation avec la nature. Dans la région méditerranéenne, des milliards seront injectés dans des programmes de relance économique. Les décisions concernant les secteurs dans lesquels ces flux se déverseront et la priorité à donner aux emplois verts et aux énergies renouvelables plutôt qu’au maintien d’un statu quo non durable [English] façonneront notre avenir collectif dans la région.

Les Parties contractantes à la Convention de Barcelone et à ses Protocoles se trouvent à un moment historique. Voici six façons dont le système du PNUE/PAM–Convention de Barcelone peut contribuer à soutenir leur action afin de reconstruire en mieux pour une renaissance verte.

  • Amélioration des connaissances pour des politiques fondées sur des données probantes

Produit par notre Centre d’activités régionales Plan Bleu, le Rapport sur l’état de l’environnement et du développement en Méditerranée (RED) [English] fournit un aperçu des causes profondes de la dégradation de l’environnement observée dans le milieu marin et côtier de la région.

D’autres produits de connaissances sont en cours d’élaboration, dont le premier rapport d’évaluation sur la Méditerranée (MAR 1) établi par le réseau d’experts du changement climatique et environnemental en région méditerranéenne (MedECC), une interface science-politique soutenue par le PNUE/PAM, et l’étude prospective MED 2050. Le premier compile les meilleures connaissances disponibles sur le changement climatique en Méditerranée, une région qui se réchauffe 20 % plus vite que la moyenne mondiale. Ce dernier présentera des scénarios et une analyse prospective des interactions entre environnement et développement à moyen et à long termes.

  • Surveillance et évaluation, car on ne saurait gérer ce que l’on ne peut pas mesurer

Le PNUE/PAM a mis au point un outil puissant pour la production de données environnementales harmonisées, à savoir le Programme de surveillance et d’évaluation intégrées (IMAP) [English]. Adopté en 2016 par les Parties contractantes à la Convention de Barcelone, l’IMAP transforme la façon dont les données environnementales sont produites et traitées dans notre région.

Grâce à un ensemble d’indicateurs fondés sur l’approche écosystémique – le principe directeur de nos travaux - l’IMAP renforce la capacité de surveillance pour évaluer l’impact des futures voies de développement sur le milieu marin et côtier de la Méditerranée. Sur la base de l’IMAP, le PNUE/PAM publiera une deuxième édition améliorée du rapport sur la qualité de la Méditerranée (MED QSR) en 2023. D’ici là, les composantes du système PNUE/PAM, notamment MED POL, le CAR/ASP et le CAR/PAP, continueront à soutenir les pays méditerranéens dans leurs efforts de surveillance, d’établissement de rapports et d’évaluation dans des domaines importants tels que la pollution et les déchets marins, la biodiversité et les espèces non-indigènes, ainsi que les zones côtières et l’hydrographie.

  • Renforcement de l’adaptation aux changements climatiques là où la terre et la mer se rencontrent

La région méditerranéenne abrite plus de 510 millions de personnes, dont une sur trois vit dans les zones côtières très peuplées. Le littoral vulnérable doit faire face à une pression urbaine incessante qui se conjugue aux impacts croissants des changements climatiques. Les zones côtières font face à la sombre perspective de l’érosion et de la salinisation des deltas des fleuves et des aquifères sur lesquels les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire reposent. Selon le rapport RED, qui sera bientôt publié, l’élévation du niveau de la mer pourrait varier entre 45 centimètres et plus de 2 mètres d’ici à 2100.

Adopté en 2008, le Protocole relatif à la gestion intégrée des zones côtières en Méditerranée (GIZC) de la Convention de Barcelone constitue un instrument juridiquement contraignant essentiel pour la protection des zones côtières. En 2016, les Parties contractantes à la Convention de Barcelone ont approuvé le Cadre régional pour l’adaptation au changement climatique pour les aires côtières et marines méditerranéennes élaboré par le PNUE/PAM afin de doter les décideurs d’un outil fiable pour déterminer quelles sont les options d’adaptation au changement climatique les plus appropriées.

Le Centre d’activités régionales du Programme d’actions prioritaires (CAR/PAP), une composante du PNUE/PAM, continue de produire nombre de manuels, de lignes directrices et d’autres outils pour mettre en œuvre le Protocole GIZC. Il apporte également un appui aux stratégies nationales d’adaptation aux changements climatiques, qui renforcent la résilience face à ces derniers, tout en tirant parti du potentiel de l’économie bleue.

  • Protection des espèces sauvages en proie à de grandes difficultés en Méditerranée

Un des enseignements tirés de la pandémie de Covid-19 est qu’un écosystème en bonne santé peut contribuer à la régulation des maladies en favorisant la diversité des espèces, rendant ainsi plus difficile pour un agent pathogène de se répandre, de s’amplifier ou de dominer. Nous continuerons à travailler au rétablissement de la santé des écosystèmes fragilisés et à l’arrêt de l’empiètement incessant sur le milieu marin et côtier.

Il ne peut y avoir de Méditerranée saine sans une vie sauvage prospère [English]. Le Centre d’activités régionales pour les aires spécialement protégées (CAR/ASP) aligne le Programme d’actions stratégiques pour la conservation de la diversité biologique dans la région méditerranéenne (PASBIO) sur le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

Dans le cadre du Protocole ASP/DB, les Parties contractantes à la Convention de Barcelone ont établi un réseau croissant d’aires spécialement protégées d’importance méditerranéenne (ASPIM). Au total, sur les 1 233 Aires marines protégées (AMP) et autres mesures de conservation spatiales mises en place en Méditerranée, 39 sont des ASPIM.

  • Ouvrir la voie à une économie circulaire prospère et régénératrice

En collaboration avec le Plan Bleu et d’autres composantes du système du PNUE/PAM–Convention de Barcelone, notre Centre d’activités régionales pour la consommation et la production durables (CAR/CPD) a établi une base solide de projets pilotes transposables à plus grande échelle et de lignes directrices techniques sur l’économie circulaire, la consommation et la production durables, l’économie bleue et l’entrepreneuriat vert en Méditerranée.

Le CAR/CPD a récemment présenté un cadre conceptuel pour guider le développement de modèles d’affaires durables. Ce cadre est le dernier d’une série de lignes directrices et d’outils visant à remplacer le modèle linéaire non durable se résumant à « extraire, fabriquer, jeter » par une économie circulaire dynamique. La consommation et la production durables sont incontournables si nous voulons sortir de la pandémie de COVID-19 avec de meilleures perspectives pour un avenir résilient et durable en harmonie avec la nature.

  • Faire en sorte que le transport maritime n’affecte pas la santé des écosystèmes, notamment la qualité de l’air que nous respirons

Le Centre régional méditerranéen pour l’intervention d’urgence contre la pollution marine accidentelle (REMPEC) – une composante du PNUE/PAM qui bénéficie de l’appui de l’Organisation maritime internationale (OMI) – aide les Parties contractantes à la Convention de Barcelone à faire face aux externalités négatives du secteur des transports maritimes.

La mer Méditerranée est l’une des voies de navigation les plus fréquentées au monde, accueillant 20 % du commerce maritime et plus de 200 millions de passagers. L trafic maritime a des effets négatifs tels que la dégradation de la qualité de l’air, la pollution pétrolière et chimique, les déchets marins et l’introduction d’espèces non‑indigènes.

Après la pandémie de COVID-19, la navigation en Méditerranée peut devenir plus sûre et plus durable [English]. Le REMPEC pose les bases de la mise en œuvre d’une feuille de route pour une désignation éventuelle de la Méditerranée comme zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre, conformément à l’annexe VI de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL). La création de cette zone de contrôle permettrait de réduire la morbidité liée à la pollution atmosphérique, le REMPEC estimant qu’elle préviendrait 1 000 décès prématurés et plus de 2 000 cas d’asthme infantile.