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27 Jan 2023 Récit Nature Action

Les progrès du Traité sur le plastique mettent l'accent sur l'économie circulaire

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Lorsque le marteau est tombé sur la résolution visant à mettre un terme à la pollution plastique lors de la reprise de la cinquième session de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement (UNEA-5.2) à Nairobi en mars dernier, les délégués se sont embrassés et ont pleuré. L'émotion reflétait l'importance de ce jalon historique : un instrument mondial juridiquement contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique.

Il est essentiel que la résolution aborde le cycle de vie complet du plastique, une approche holistique nécessaire pour lutter contre la crise croissante de la pollution plastique. L'humanité produit environ 460 millions de tonnes de plastique par an, un chiffre qui, sans action urgente, triplera d'ici 2060. À l'échelle mondiale, 46 % des déchets plastiques sont mis en décharge, 22 % sont mal gérés et deviennent des déchets sauvages, 17 % sont incinérés et 15 % sont collectés à des fins de recyclage, moins de 9 % étant effectivement recyclés après perte.

Nous nous entretenons avec la secrétaire exécutive du secrétariat du comité intergouvernemental de négociation (CIN), Jyoti Mathur-Filipp, sur l'importance d'une économie circulaire pour les plastiques et sur les raisons pour lesquelles le traité mondial sur les plastiques est essentiel.

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La directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, le président du CIN, Gustavo Meza-Cuadra, et la secrétaire exécutive du CIN, Jyoti Mathur-Filipp, visite le centre de recyclage M. Green, au Kenya.

 

Qu'est-ce que l'économie circulaire ?

Jyoti Mathur-Filipp (JMF) : L'économie circulaire est une économie sobre en ressources dans laquelle les déchets et la pollution sont éliminés, les produits et les matériaux sont maintenus en usage à leur valeur maximale le plus longtemps possible, et les systèmes naturels sont régénérés.

Nous savons que le recyclage seul ne mettra pas fin à la pollution plastique. Nous devons adopter une approche fondée sur le cycle de vie, ce qui implique de réexaminer la manière dont les produits sont conçus, fabriqués et distribués. Les approches qui ne ciblent qu'un seul élément de l'économie, comme le recyclage, ne suffisent pas à résoudre le problème. Nous avons besoin d'un changement systémique.

Pour cela, il est essentiel de veiller à ce qu'il existe des incitations financières à la réutilisation des produits et à ce que les secteurs gros consommateurs, principalement les entreprises spécialisées dans l'emballage plastique et la fabrication, y adhèrent. Le modèle économique actuel et les politiques et incitations qui le sous-tendent favorisent les gains à court terme et ignorent les externalités causées par les activités économiques, comme l'épuisement des ressources, la dégradation de l'environnement ou les conséquences sur la santé humaine. Le changement des incitations économiques pour pénaliser la pollution et récompenser l'efficacité des ressources augmentera l'attrait économique des solutions d'économie circulaire.

Les trois principes de l'économie circulaire des plastiques, éliminer, innover et faire circuler, offrent une nouvelle vision d'un avenir durable. Cela signifie que nous devons nous efforcer d'éliminer les produits en plastique dont nous n'avons pas besoin, d'innover, afin que tous les plastiques dont nous avons besoin soient conçus pour être réutilisés, recyclés ou compostés en toute sécurité, et de faire circuler tout ce que nous utilisons afin de le garder dans l'économie et hors de l'environnement.

Pourquoi est-ce important ?

JMF :
La pollution plastique est une énorme menace pour les écosystèmes, le climat et, en fin de compte, le bien-être humain. Selon une étude du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), plus de 14 millions de tonnes de plastique pénètrent et endommagent les écosystèmes aquatiques chaque année, et les émissions de gaz à effet de serre associées aux plastiques devraient représenter 15 % du total des émissions autorisées d'ici 2050 si l'humanité veut limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Pourquoi la résolution mondiale sur les plastiques est-elle si importante ?

JMF :
Jamais auparavant les gouvernements ne s'étaient réunis pour mettre fin à la pollution plastique au niveau mondial. La résolution reconnaît l'importance d'une approche internationale pour prévenir la pollution plastique et ses effets néfastes sur le bien-être humain et l'environnement. Elle montre ce qui est possible avec la coopération internationale. En particulier, la résolution reconnaît la contribution importante apportée par les travailleurs dans des contextes informels et coopératifs à la collecte, au tri et au recyclage des plastiques dans de nombreux pays.

Qu'est-ce que le CIN ?

JMF :
Les États membres de l'ONU ont donné au PNUE le mandat de convoquer le CIN, le comité chargé de l'élaboration de l'instrument international juridiquement contraignant, dans le but d'achever ses travaux d'ici à la fin de 2024, date à laquelle le traité serait prêt à être ratifié. 

Que pourrait couvrir le traité ?

JMF :
Le traité mondial doit s'attaquer à la pollution plastique, y compris dans l'environnement marin, et pourrait inclure des approches contraignantes et volontaires basées sur le cycle de vie complet des plastiques et tenant compte, entre autres, des circonstances et des capacités nationales. Selon la résolution de l'UNEA, le traité doit inclure une série de dispositions techniques, qui examineraient comment promouvoir la production et la consommation durables des plastiques, de la conception des produits à la gestion écologiquement rationnelle des déchets, en passant par l'utilisation efficace des ressources et des approches d'économie circulaire sûres et justes, réalisables par tous les États membres.

Que fait le CIN actuellement ?

JMF
: La première session du CIN, connue sous le nom de CIN-1, a eu lieu du 28 novembre au 2 décembre de l'année dernière en Uruguay, où plus de 1 400 délégués en personne et virtuels de 147 pays ont participé à la réunion qui a jeté les bases de l'élaboration de l'accord mondial pour mettre fin à la pollution plastique. La réunion a jeté les bases pour façonner l'instrument mondial. De nombreux gouvernements ont confirmé leur souhait de disposer d'un instrument qui prenne en compte le cycle de vie complet des plastiques, en protégeant la santé humaine et l'environnement, tout en accordant une attention particulière aux circonstances uniques des pays qui en ont le plus besoin.

Que se passera-t-il ensuite ?

JMF
: Plusieurs sessions du CIN sont prévues au cours des deux prochaines années, la deuxième session ayant lieu en mai 2023 à Paris. Ces sessions verront les gouvernements élaborer le contenu et la logistique du traité sur les plastiques, afin de développer et d'adopter un instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique. Le CIN a demandé au secrétariat de préparer un document présentant des options potentielles d'éléments vers un instrument international juridiquement contraignant pour cette deuxième session.