Fishing on Congo River. Photo: Axel Fassio / CIFOR 
23 Mar 2023 Communiqué de presse Fresh water

La plus grande initiative de restauration des cours d’eau et des zones humides de l’histoire a été lancée lors de la Conférence des Nations…

New York, le 22 mars 2023 – Une coalition de gouvernements a lancé aujourd’hui le Défi de l’eau douce, la plus grande initiative jamais entreprise pour restaurer les fleuves, les rivières, les lacs et les zones humides dégradés. Ce sont des écosystèmes essentiels pour faire face à l’intensification des crises de l’eau, du climat et de la nature dans le monde.

Le Défi de l’eau douce, annoncé lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau à New York, vise à restaurer 300 000 kilomètres de cours d’eau, l’équivalent de plus de sept fois le tour de la Terre, ainsi que 350 millions d’hectares de zones humides, une superficie plus grande que l’Inde, d’ici à 2030.

Outre l’approvisionnement en eau, des écosystèmes d’eau douce en bonne santé offrent une multitude d’avantages à l’être humain et à la nature, et sont essentiels pour atténuer les changements climatiques et s’y adapter, ainsi que pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). Pourtant, un tiers des zones humides de la planète ont disparu au cours des 50 dernières années, et leur disparition est toujours plus rapide que celle des forêts. Les rivières et les lacs sont les écosystèmes les plus dégradés au monde. Les populations de poissons qui y vivent, dont beaucoup sont vitales pour la sécurité alimentaire des communautés, ont énormément diminué.

Le sixième Rapport d’évaluation du GIEC, publié cette semaine, souligne les graves conséquences des changements climatiques sur les écosystèmes d’eau douce et met en évidence la nécessité de les protéger et de les restaurer afin de renforcer les mesures d’adaptation aux changements climatiques et de créer des sociétés, des économies et des écosystèmes résilients.

Soutenu par les gouvernements de la Colombie, de la République démocratique du Congo, de l’Équateur, du Gabon, du Mexique et de la Zambie, le Défi de l’eau douce encourage tous les gouvernements à s’engager à atteindre des objectifs clairs dans leurs stratégies et plans d’action nationaux actualisés en matière de biodiversité, leurs contributions déterminées au niveau national et leur plan national de mise en œuvre des ODD, afin de restaurer d’urgence des écosystèmes d’eau douce en bonne santé.

Susana Muhamad, Ministre colombienne de l’environnement et du développement durable, a déclaré : « Cette initiative est conforme aux priorités du plan national de développement 2022-2026, qui permettra au pays de renforcer la planification territoriale autour de l’eau en protégeant tous les systèmes d’eau. L’eau est considérée comme une ressource commune et un droit fondamental. Cela implique la participation des communautés pour résoudre les conflits socio-environnementaux, en respectant la diversité culturelle et en garantissant la conservation de la biodiversité. »

Le Défi de l’eau douce est une initiative dirigée par les pays. Sa mise en œuvre est inclusive et collaborative : les gouvernements et leurs partenaires créeront des solutions en matière d’eau douce en collaboration avec les peuples autochtones, les communautés locales et d’autres parties prenantes.

S’appuyant sur le cadre mondial de la biodiversité adopté à Montréal en décembre 2022, qui prévoit la restauration de 30 % des « eaux intérieures » dégradées de la planète, le Défi contribuera à la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. La Décennie des Nations Unies est une initiative visant à redonner vie à notre planète, menée conjointement par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE, a déclaré : « Des cours d’eau, des lacs et des zones humides sains sont la fondation de nos sociétés et de nos économies. Pourtant, ces écosystèmes sont régulièrement sous-évalués et négligés. C’est la raison pour laquelle l’engagement des gouvernements de la Colombie, de la République démocratique du Congo, de l’Équateur, du Gabon, du Mexique et de la Zambie est remarquable. Alors que les pays se sont engagés à restaurer un milliard d’hectares de terres, le Défi de l’eau douce est une première étape cruciale pour se consacrer aux écosystèmes d’eau douce, qui en ont bien besoin. »

 

Stuart Orr, Responsable de l’eau douce au WWF International, a déclaré : « Le signe le plus évident des dommages que nous avons causés, et que nous continuons de causer, à nos cours d’eau, lacs et zones humides est l’effondrement stupéfiant de 83 % des populations d’espèces d’eau douce depuis 1970. Le Défi de l’eau douce met en place les objectifs et les cadres adéquats pour inverser la tendance, au bénéfice non seulement de la nature, mais aussi des populations du monde entier. Nous avons besoin que les gouvernements et les partenaires s’engagent sans plus attendre dans le cadre du programme d’action pour l’eau qui résultera de cette conférence des Nations Unies. »

Le Défi de l’eau douce s’attachera à fournir les éléments nécessaires au niveau national pour concevoir et mettre en œuvre efficacement des mesures de restauration, repérer les zones prioritaires de restauration, mettre à jour les stratégies et plans nationaux pertinents, mobiliser des ressources et mettre en place des mécanismes financiers pour réaliser les objectifs.

Défendu par la coalition de pays, le Défi de l’eau douce est soutenu par la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, le secrétariat de la Convention sur les zones humides, le WWF, l’Union internationale pour la conservation de la nature, The Nature Conservancy, Wetlands International et ABinBev.

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DÉCLARATIONS SUPPLÉMENTAIRES DES GOUVERNEMENTS PARTICIPANT À L’INITIATIVE :

Dr Chola Milambo, Représentant permanent de la Zambie auprès des Nations Unies : « Nos cours d’eau sont l’élément vital de la Zambie et nous sommes déterminés à les restaurer pour assurer la sécurité de nos communautés en matière d’eau, d’alimentation et d’énergie. Nous sommes déterminés à relever le Défi de l’eau douce afin de construire un avenir plus résilient. Nous avons récemment lancé une initiative ambitieuse pour restaurer le bassin de la rivière Magoye et nous œuvrons également à la restauration des marais de Lukanga, qui fournissent une grande partie de l’eau nécessaire à la capitale, à l’industrie et à l’agriculture. »

Martha Delgado Peralta, Sous-secrétaire aux affaires multilatérales et aux droits humains, Mexique : « Des écosystèmes d’eau douce sains sont essentiels pour assurer la sécurité de l’approvisionnement en eau et la sécurité alimentaire, pour s’attaquer aux crises du climat et de la nature, tout en favorisant le développement durable. Le Mexique a récemment mis à jour sa contribution déterminée au niveau national et a pris des engagements plus ambitieux, notamment celui de conserver, de protéger et de restaurer les bassins hydrographiques selon une approche écosystémique, car nous devons élaborer des stratégies globales afin de garantir la disponibilité d’une eau de qualité en quantité suffisante, tant pour les zones humides que pour l’utilisation et la consommation humaines. »

Notes à l’attention des équipes de rédaction

Données et chiffres

  • Un rapport scientifique publié pour lancer la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes souligne que des pays se sont déjà engagés à restaurer un milliard d’hectares, une superficie plus vaste que la Chine. Toutefois, les écosystèmes d’eau douce ne figurent pas explicitement parmi les engagements soumis à une évaluation.
  • Environ quatre milliards de personnes, soit presque deux tiers de la population mondiale, sont confrontées à de graves pénuries d’eau pendant au moins un mois par an.
  • Au total, 2,3 milliards de personnes, soit environ un quart de la population mondiale, vivent dans des pays qui connaissent des problèmes d’approvisionnement en eau.
  • Un peu moins des trois quarts de l’ensemble des catastrophes naturelles récentes sont liées à l’eau, notamment les inondations, les sécheresses et les tempêtes. Ces catastrophes ont détruit des vies et des moyens de subsistance, touché des millions de personnes et causé des dommages représentant 700 milliards de dollars des États-Unis au cours des 20 dernières années.
  • D’ici 2050 :
    • Cinq fois plus de terres devraient être confrontées à une « sécheresse extrême » ;
    • 5,7 milliards de personnes devraient vivre dans des zones marquées par le manque d’eau ;
    • Le nombre de personnes exposées au risque d’inondation pourrait, selon les projections, augmenter pour atteindre autour de 1,6 milliard de personnes.

 

À propos de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes

L’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré que les années 2021 à 2030 seraient consacrées à la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. Menée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, avec le soutien de partenaires, elle a pour but de prévenir, stopper et inverser la perte et la dégradation des écosystèmes dans le monde entier. Elle vise à faire revivre des milliards d’hectares d’écosystèmes terrestres et aquatiques. La Décennie des Nations Unies est un appel mondial à l’action et rassemble le soutien politique, la recherche scientifique et les moyens financiers nécessaires pour intensifier massivement la restauration.

À propos du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)
Le PNUE est la principale autorité mondiale en matière d’environnement. Sa mission est de fournir un leadership et d’encourager les partenariats pour assurer la protection de l’environnement en étant source d'inspiration, en informant et en permettant aux nations et aux peuples d’améliorer leur qualité de vie sans compromettre celle des générations futures.

À propos de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

L’UICN est une union de membres réunissant des gouvernements et des organisations de la société civile. Elle mobilise les connaissances, les ressources et la portée de plus de 1 300 organisations qui la composent ainsi que les contributions de plus de 15 000 spécialistes. L’UICN est l’autorité mondiale en ce qui concerne le statut du monde naturel et les mesures nécessaires pour le sauvegarder.