Photo: UNEP/Stephanie Foote
30 Nov 2022 Récit Nature Action

Ce qu'on peut attendre de la conférence de l'ONU sur la biodiversité (COP15) de cette année

Photo: UNEP/Stephanie Foote

La conférence des Nations unies sur la biodiversité, appelée COP15, débute à partir du 7 décembre. Les gouvernements du monde entier se réunissent pour convenir, entre autres, d'une nouvelle série d'objectifs et de cibles qui guideront l'action mondiale en faveur de la nature jusqu'en 2030.

Bien que similaire à la COP27, la récente conférence des Nations unies sur le climat qui s'est tenue à Sharm El-Sheikh, les deux réunions portent sur des questions différentes mais connexes. La COP27 s'est penchée sur les mesures à prendre dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s'adapter à ces changements. La COP15 se concentre sur le monde vivant à travers la Convention sur la diversité biologique (CDB), un traité adopté pour la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique et des questions connexes.

La Conférence des Parties sur la biodiversité a lieu tous les deux ans, mais cette année est particulièrement importante car un nouveau cadre mondial pour la biodiversité doit être adopté. Le cadre mondial pour la biodiversité pour l'après 2020 sera le premier cadre mondial sur la biodiversité adopté depuis les objectifs de biodiversité d'Aichi en 2010.

Lors de la COP10 à Nagoya, au Japon, en 2010, les gouvernements se sont engagés à atteindre les 20 objectifs d'Aichi en matière de biodiversité d'ici 2020, notamment à réduire de moitié la perte d'habitats naturels et à mettre en œuvre des plans de consommation et de production durables. Selon un rapport de la CDB pour 2020, aucun de ces objectifs n'a été pleinement atteint.

196 pays ont ratifié la Convention sur la diversité biologique, et 196 pays devront adopter le cadre lors de la réunion de Montréal. 

Pourquoi la conférence de cette année est-elle si importante ?

Il n'a jamais été aussi urgent d'agir pour lutter contre la perte de biodiversité. La planète connaît un dangereux déclin de la nature dû à l'activité humaine. Il s'agit de la plus grande perte de biodiversité depuis l'extinction des dinosaures. Un million d'espèces végétales et animales sont aujourd'hui menacées d'extinction.

L'existence de l'humanité dépend de la pureté de l'air, de la nourriture et d'un climat habitable, qui sont tous régulés par le monde naturel. Une planète saine est également le précurseur d'économies résilientes. Plus de la moitié du PIB mondial, soit 41 700 milliards de dollars, dépend d'écosystèmes sains.

Des milliards de personnes, dans les pays développés et en développement, profitent quotidiennement de la nature et des avantages qu'elle procure, notamment la nourriture, l'énergie, les matériaux, les médicaments, les loisirs et bien d'autres contributions essentielles au bien-être humain.

Des écosystèmes sains sont également essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable et limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, ou les changements climatiques risquent de devenir l'un des principaux facteurs de perte de biodiversité d'ici la fin du siècle.

La COP15 a pour objectif de parvenir à un accord historique pour arrêter et inverser la perte de la nature, comme avec l'accord de Paris sur le climat de 2015. Ce qui sera adopté à Montréal sera essentiellement un plan mondial pour sauver la biodiversité en déclin de la planète.

Quels sont les principaux enjeux ?

Les enjeux ne pourraient pas être plus élevés à Montréal. De nombreuses questions seront négociées. Le projet de cadre comprend plus de 20 objectifs, dont des propositions visant à réduire l'utilisation des pesticides, à lutter contre les espèces envahissantes, à réformer ou à supprimer les subventions nuisibles à l'environnement et à accroître le financement de la nature par des sources publiques et privées.

Le cadre devra être à la fois ambitieux et réalisable si l'on veut que de réels progrès soient accomplis et il devra s'attaquer aux cinq principaux facteurs directs de perte de nature : le changement d'utilisation des mers et des terres, la surexploitation des organismes, le changement climatique, la pollution et les espèces non indigènes envahissantes, ainsi que leurs causes sous-jacentes telles que la consommation et la production non durables.

La fragmentation et les changements d'affectation des terres - induits par l'agriculture et l'étalement urbain - sont à l'origine de 80 % de la perte de biodiversité dans de nombreuses régions, c'est pourquoi il est essentiel de s'y attaquer.

Il est également important que les solutions trouvées lors de la COP15 englobent l'ensemble de la société, du secteur financier et des entreprises aux gouvernements, en passant par les ONG et la société civile. La participation des peuples Autochtones et des communautés locales aux processus décisionnels relatifs à la nature, ainsi que la reconnaissance de leurs droits fonciers, sont particulièrement importantes.

Des accords devront être conclus sur le financement, notamment sur le montant de l'aide que les pays riches apporteront aux pays en développement pour financer la conservation de la biodiversité, ainsi que sur l'accès et le partage des avantages, notamment en ce qui concerne l'utilisation des données issues des ressources génétiques.

L'accès et le partage des avantages font référence à la manière dont on peut accéder aux ressources génétiques et à la façon dont les avantages résultant de cette utilisation sont partagés entre les utilisateurs (tels que les entreprises de biotechnologie) et les fournisseurs (pays et communautés riches en biodiversité). Cette question est essentielle pour garantir que tous puissent bénéficier des ressources de la nature, et pas seulement un nombre limité de sociétés, en particulier dans le Nord.

Étant donné le rôle crucial que jouent des écosystèmes sains dans tous les aspects de l'humanité, il est essentiel qu'un accord soit trouvé à Montréal et que le déclin de notre monde naturel soit stoppé.

Comment suivre la COP15 ?

Visitez le site officiel de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité.
Suivez @UNBiodiversity et @UNEP_Francais sur Twitter.
Regardez le Nature Live Stream du PNUE pour les dernières nouvelles et mises à jour.
Consultez la page dédiée à la COP15 du PNUE pour plus d'informations.

À propos de la COP15

Du 7 au 19 décembre à Montréal, au Canada, 196 gouvernements se réuniront pour conclure un accord historique afin de guider les actions mondiales en matière de biodiversité. Ce cadre devra définir un plan ambitieux qui s'attaquera aux principaux facteurs de perte de la nature et nous permettra d'atteindre l'arrêt puis l'inversion de la perte de la nature d'ici 2030.